Les importations explosent pendant que le prix du baril connaît une baisse tendancielle

Les importations explosent pendant que le prix du baril connait une baisse tendancielle
 
Par Lila Ghali | 23/07/2013 | 20:44



Les chiffres publiés aujourd’hui par les services des Douanes traduisent dans toute sa splendeur le paradoxe de l’économie algérienne. Une économie qu’on schématise par la célèbre formule « pétrole contre nourriture ». On exporte à hauteur de 99 % que du pétrole pour importer en contrepartie une gamme infinie de produits de consommation et d’équipements. Il se trouve, selon la douane, que l’enveloppe des importations ne cesse de grimper pendant que le cours du brut algérien est toujours en phase baissière amorcée depuis le début de l’année.

5 milliards de dollars de produits alimentaires

En survolant les chiffres de la douane, on s’aperçoit que les importations algériennes de produits alimentaires ont progressé de près de 15% pour atteindre 5,05 milliards de dollars durant le premier semestre 2013, contre 4,4 milliards de dollars durant la même période en 2012 ; soit en hausse de 14,96% (657 millions de dollars). Cette augmentation est due à d’”importantes” hausses des achats des légumes secs (64,4%), les sucres (42%) et les céréales, semoules et farines (6,95%). Ce qui donne des importations globales de l’ordre de 28,35 mds US durant les six premiers mois de 2013 contre 24,02 mds à la même période en 2012, en hausse de 17,99%.

Plus de la moitié (51,6%) des importations réalisées au cours des six premiers mois de 2013 ont été financées cash, soit plus de 14,63 mds usd, en hausse de plus de 19%. Les lignes de crédits ont financé 45,7% (12,96 milliards) du volume global des importations (+19,63%). Le reste des achats a été réalisé par le recours aux comptes devises propres et autres transferts financiers.

4,3 milliards de dollars de voitures

Les importations de véhicules sont également sur une courbe ascendante. Rien que pour le premier semestre 2013, elles ont déjà atteint le chiffre record de 323.321 unités, contre 295.0113 unités pour la même période, pour une facture de 4,3 milliards de dollars. Soit une hausse de 9,6 %. A ce rythme, on risque d’arriver en fin d’année à une facture de 10 milliards de dollars, rien que pour les véhicules. Au grand bonheur des concessionnaires algériens et des fabricants étrangers qui opèrent sur un marché en perpétuelle extension, boosté par les augmentations des salaires et les rappels tous azimuts dont ont bénéficié quasiment tous les secteurs d’activité.

Une fausse prospérité

Ces chiffres d’importation, qui traduisent une fausse prospérité, car exclusivement portée par la vente de pétrole et de gaz, risque à terme de se rétrécir comme peau de chagrin. Et c’est déjà le cas dans une certaine mesure, puisque le brut algérien connait une baisse tendancielle amorcée en janvier 2013. Ce qui a pour effet de réduire sensiblement les recettes avec une perte de 3 milliards de dollars pour le 1er trimestre 2013, selon les chiffres de la Banque d’Algérie.

De janvier à mars, ces recettes se sont chiffrées à 17,53 milliards de dollars contre 20,37 milliards de dollars durant la même période de 2012, soit une contraction de 13,9%, selon le rapport trimestriel de la BA. A ce rythme, on risque, à la fin de l’année, une perte de 12 milliards de dollars, d’autant plus que les prévisions ne sont pas optimistes. Mais le plus dangereux est que cette tendance contradictoire (importation en hausse, exportation en baisse) constitue à terme une réelle menace sur les réserves de changes dans lesquelles il faudrait puiser si l’argent des exportations ne suffit plus à couvrir les besoins du pays qui ont littéralement explosé. Il y a danger en perspective et les responsables politiques du pays seraient bien inspirés d’y prendre garde.