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Mort de Pierre Fabre, fondateur du laboratoire pharmaceutique et sponsor du rugby
Publié le 20.07.2013, 12h37 | Mise à jour : 17h48Pierre Fabre, pharmacien devenu homme d'affaires manquait rarement une rencontre de l'équipe du Castres Olympique. Il est décédé samedi des suites d'une longue maladie, à l'âge de 87 ans.
Pierre Fabre, fondateur du laboratoire pharmaceutique du même nom — l'un des trois plus grands laboratoires français — est mort samedi matin à son domicile de Lavaur (Tarn). Âgé de 87 ans, le chef d'entreprise est décédé à 10 heures du matin des suites d'une longue maladie.
Le capitaine d'industrie a bâti en 50 ans un empire pharmaceutique international et marqué de son empreinte le monde des médias et du rugby. Tout au long de sa carrière, il a tenu à conserver aux laboratoires Pierre Fabre leur ancrage régional dans son Tarn natal. Cet attachement viscéral à son département s'était traduit aussi pendant 25 ans par son soutien financier au Castres Olympique, champion de France en titre de rugby.
• Un industriel prospère. Né à Castres le 16 avril 1926, d'abord simple pharmacien d'officine, ce «self-made man» à la française est décédé à son domicile d'En Doyse à Lavaur. A Castres, une ville de 45 000 habitants, la pharmacie où tout a commencé existe toujours. En 1961, Pierre Fabre, qui a alors 35 ans, y invente le premier veinotonique et crée le laboratoire qui porte son nom. Quatre ans plus tard, il acquiert les laboratoires Klorane, point de départ de ses activités dans la dermo-cosmétique. Ce secteur représente aujourd'hui plus de la moitié (53%) des revenus du groupe, soit 1,045 Md€ sur 1,978 Md€ fin 2012.
Il compte 10 000 salariés dans le monde, dont 6 700 en France, ce qui manifeste un ancrage national rare pour une entreprise de cette taille, forte de 42 filiales et diffusant ses produits dans 130 pays.
• A l'abri des raids boursiers. L'homme était d'une légendaire discrétion. Et son groupe non coté en bourse n'est pas tenu de communiquer ses résultats, contrairement à ses concurrents. Pierre Fabre n'en exerçait plus la direction opérationnelle depuis plusieurs années, mais, célibataire sans enfant, il s'était soucié de longue date de garantir l'indépendance du groupe après lui. Il avait ainsi transféré les deux tiers du capital à une fondation en 2008. Le pharmacien castrais dont la fortune était estimée à 800 M€ faisait partie des 100 plus grandes fortunes de France.
• Un empire de presse. A titre personnel, Pierre Fabre a aussi investi de longue date dans les médias à travers sa société Sud Communication. Il a notamment possédé Sud Radio revendue en 2005. Son principal actif dans le secteur est actuellement le groupe de presse Valmonde, qui édite l'hebdomadaire Valeurs actuelles, le mensuel Le Spectacle du monde et le trimestriel Jours de Chasse, achetés en 2006 à Dassault. Il possède aussi 6% du groupe La Dépêche du Midi. Il s'était en partie désengagé des médias en revendant en 2011 l'agence Sipa Press au groupe allemand DAPD, puis en cédant en juin 2013 sept titres de presse locale au groupe Centre-France-La Montagne.
• Un homme de réseaux. L'homme fort de Castres, souvent dépeint comme autoritaire, était plutôt classé à droite, mais au long de sa vie professionnelle il a reçu tour à tour au Carla, une splendide résidence réservée aux invités de marque, les politiques de tous bords, de Valéry Giscard d'Estaing à Michel Rocard, de Nicolas Sarkozy à Laurent Fabius, en passant par Jacques Chirac. Le 30 mai, pour sa dernière apparition publique, il accueillait le président de la République François Hollande, venu inaugurer l'extension d'une unité de production dermo-cosmétique du groupe à Soual tout près de Castres.
• Le sponsor des rugbymen. Cet attachement à la région natale, Pierre Fabre l'avait marqué en 2012 pesant de tout son poids aux côtés des chefs d'entreprise du Tarn en faveur du projet controversé d'autoroute Toulouse-Castres. Son soutien au Castres Olympique avait des motifs moins économiques, mais il fut indéfectible depuis qu'il en avait pris le contrôle en 1987. «Pierre Fabre pourrait se passer du Castres Olympique mais le Castres Olympique ne pourrait pas se passer de Pierre Fabre», résumait ainsi au moment du titre 2013 de champion de France, Pierre-Yves Revol, président du club pendant 20 ans puis de la LNR de 2008 à 2012, souvent considéré comme son fils spirituel. Lors de la victoire de Castres en finale du Top 14 face à Toulon, le nom de Pierre Fabre, propriétaire du club et principal sponsor s'inscrivait en toutes lettres sur le maillot des joueurs.