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Jeudi, 18 Juillet 2013 09:50
Il aura à gérer les affaires courantes et à peser sur la succession : Bouteflika, un Président en service minimum
Par : Omar Ouali
Son ambition de briguer un quatrième mandat est vraisemblablement plombée par sa maladie, il devrait, pour les neuf mois qui lui restent, se contenter d’un agenda aménagé tout en pesant dans la bataille pour la succession.Le président Bouteflika est de retour à Alger depuis mardi, après une absence de 80 jours, qui n’est pas du reste sans nous rappeler, à bien des égards, celle de son mentor Houari Boumediene, au moment de son hospitalisation secrète à Moscou. Mais de quel retour parlons-nous ? De retour au pays ? C’est une certitude. Mais de retour aux affaires, ça l’est beaucoup moins. En effet, avec le communiqué lapidaire la Présidence, parlant de “période de repos et de rééducation”, appuyé par les images de l’ENTV, où l’on voit un Président assis sur un fauteuil roulant, le regard hagard, la voix aux intonations dolentes, le geste lent, on parie que la possibilité de revoir Bouteflika bientôt à El-Mouradia reste quelque chose d’hypothétique.
Du coup, le pays doit désormais s’accommoder d’une sorte de Président à minima qui sera contraint de déléguer ses pouvoirs à ses collaborateurs en leur apportant la caution politique, pour faire tourner la machine étatique. Car tout au long de ces 80 jours d’absence et en dépit de l’activisme de Sellal, occupant le terrain, et de l’assiduité épistolaire des services de la Présidence qui ont multiplié la rédaction de messages, les dossiers se sont accumulés. Et il va falloir les faire avancer pour débloquer la situation. Ce qui rend impérieux la tenue d’un Conseil des ministres.
Probablement, dans les prochains jours. D’autant plus que le Premier ministre avait été chargé par le Président, lors de la visite aux Invalides, de mâcher la besogne
Priorité, des priorités : la loi de finances complémentaire. C’est un instrument indispensable pour les gestionnaires pour leur permettre d’intégrer les nouveaux chapitres budgétaires, non inscrits dans la loi de finances primaire. Au cours du même Conseil des ministres, car il faut aller au pas de charge, la loi sur l’audiovisuelle, déjà finie et achevée par le ministère de la Communication, pourrait être endossée.
Son examen a accusé un long retard, car elle fait parti du package des réformes politiques promises par le Président dans son fameux discours du 15 avril 2011. D’autres projets de loi, dont la presse n’a pas parlé, seront certainement expédiés dans la foulée. Le but, outre l’impulsion politique globale qu’aura le Conseil des ministres sur le jeu institutionnel, est certainement de donner du grain à moudre aux députés, à l’occasion de la prochaine session parlementaire.
La précédente a été une session presque à blanc, les parlementaires se contentant de rouler les pouces en dépoussiérant des questions orales qui remontent au Déluge. Mais outre le Conseil des ministres, d’autres décisions politiques importantes sont en attente d’être actées. En l’occurrence, le mouvement dans le corps diplomatique dont l’attente, au ministère des Affaires étrangères, vire au psychodrame. On se souvient de la réplique sèche de Medelci, rappelant que ce mouvement était du seul ressort du Président, en réponse aux fuites rapportées par certains journaux. Maintenant que le Président est rentré, le mystérieux limogeage de Missoum Sbih devrait connaître ses prolongements par des nominations, des rappels et des mises à la retraite.
Un autre mouvement dans le corps des magistrats attend juste le feu vert du Président, les listes et les affectations étant déjà bouclées par le département de Mohamed Charfi. Et quid du projet de révision constitutionnelle ? Le président Bouteflika ira-t-il au bout de son projet ? La question est plus que jamais d’actualité, car sa maladie, en plombant la perspective d’un quatrième mandat souhaité par ses courtisans, a bouleversé totalement l’équation de la présidentielle.
Désormais, non concerné objectivement par cette échéance, au vu de son état de santé, des images montrées mardi par l’ENTV, le président Bouteflika et son clan vont devoir réduire la voilure. L’enjeu sera désormais d’agir sur la succession et de peser sur le “choix” du futur président. Tel semble être le point phare de l’agenda politique du président Bouteflika pour les neuf mois de pouvoir qui lui restent, avant la tenue de la présidentielle.
O. O.