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Egypte : des législatives avant 2014
8 juillet 2013 à 07:47 (Mis à jour: 9 juillet 2013 à 01:27)
Des partisans des Frères musulmans et de l'ex-président Mohamed Morsi s'enfuient lors de heurts avec des anti-Morsi à Alexandrie, le 7 juillet.
Après des tirs meurtriers contre une manifestation de partisans de Mohamed Morsi, le parti salafiste al-Nour a également décidé de se retirer des discussions sur le nom du futur Premier ministre.
Les Frères musulmans égyptiens ont appelé lundi à un
«soulèvement» après des tirs de l’armée contre une manifestation de soutien au président déchu Mohamed Morsi, qui ont fait plus de 50 morts selon un haut responsable des services d’urgence.
Le parti de la justice et de la liberté (PLJ), vitrine politique des Frères musulmans, appelle dans une déclaration écrite au
«soulèvement du grand peuple d’Egypte contre ceux qui sont en train d’essayer de lui voler sa révolution avec des chars». Le PLJ
«exhorte la communauté internationale, les groupes internationaux et tous les hommes libres du monde d’intervenir pour empêcher d’autres massacres (et)
l’apparition d’une nouvelle Syrie dans le monde arabe».
Le siège du PLJ a peu après été fermé par la police, qui a annoncé y avoir découvert des armes, selon un haut responsable de la sécurité. La police a trouvé
«des liquides inflammables, des couteaux et des armes» dans les locaux du parti.
Au moins 51 personnes ont été tuées et 435 blessées lundi lors de tirs contre une manifestation de partisans du président déchu Mohamed Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire, selon un nouveau bilan des services d’urgence. Des manifestants ont indiqué à l’AFP avoir été attaqués à l’aube par des tirs à balles réelles et de grenades lacrymogènes, dans des circonstances qui restent confuses, les Frères musulmans - dont est issu Morsi - accusant l’armée.
Cette dernière a expliqué de son côté que des
«terroristes armés» avaient attaqué le siège de la Garde républicaine, provoquant la mort d’un officier et laissant six conscrits dans un état critique, selon un communiqué militaire cité par le journal gouvernemental
al-Ahram.
«A l’aube, un groupe de terroristes armés a essayé d’envahir le (bâtiment)
de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d’un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique», assurent les militaires dans un communiqué.
Le président par intérim Adly Mansour a ordonné l’ouverture d’une enquête.
«Le président de la République a chargé une commission juridique d’enquêter sur les événements survenus devant (le siège) de la Garde républicaine», a annoncé la télévision.
Le leader politique égyptien Mohamed el-Baradei a réclamé une
«enquête» à la suite de ces violences.
«La violence engendre la violence et doit être condamnée avec fermeté. Une enquête indépendante s’impose. La transition pacifique est la seule voie», a écrit le lauréat du prix Nobel sur son compte Twitter. Le Front de salut national (FSN), une coalition de partis de gauche, a également
«vivement» condamné ces violences et appelé à une enquête transparente.
«Les conclusions devront être accessibles au grand public», a insisté le FSN.
Washington ne bouge pas, l'ONU condamne
La Maison Blanche a affirmé lundi que des coupes immédiates dans l’aide militaire américaine à l’Egypte ne seraient pas dans l’intérêt des Etats-Unis.
«Nous estimons que cela ne serait pas dans nos intérêts», a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney, interrogé sur une éventuelle réduction à court terme de l’aide financière américaine à l’armée égyptienne.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon
«condamne» les violences et demande une enquête impartiale, a indiqué son porte-parole Martin Nesirky. Selon Nesirky, Ban est
«profondément troublé par les informations sur la mort de plus de 50 personnes lors de manifestations» en faveur de Mohamed Morsi
«Il condamne cette tuerie et demande qu’une enquête approfondie soit menée par des instances nationales indépendantes et compétentes et que ceux qui en sont responsables soient traduits en justice», a ajouté le porte-parole.
Le secrétaire général
«invite tous les Egyptiens (..) à tout faire pour éviter une escalade» et leur demande
«d’agir avec le maximum de retenue», ajoute le communiqué de l’ONU.
«Les manifestations doivent rester pacifiques et les forces de sécurité doivent respecter strictement les normes internationales», a encore déclaré le porte-parole. Ban demande aussi instamment aux Egyptiens de
«travailler à forger un consensus» qui inclue
«tous les partis et toutes les communautés». «Les Nations unies sont prêtes à aider si nécessaire» à ce processus, conclut le communiqué.
Des législatives en 2014
Adly Mansour, président intérimaire d’Egypte, a décrété lundi soir la tenue d’élections législatives avant 2014 dans le pays entré mercredi dans une transition politique après que l’armée a renversé le président Mohamed Morsi, a indiqué le journal gouvernemental Al-Ahram.
La déclaration constitutionnelle prévoit, selon le quotidien, la nomination d’ici moins de 15 jours d’un comité constitutionnel qui aura deux mois pour présenter ses amendements au président intérimaire. Celui-ci devra ensuite les soumettre à un référendum populaire sous un mois. A partir de là, des législatives seront organisées sous deux mois. Une date sera ensuite annoncée pour la tenue d’une élection présidentielle.
«La façon dont la déclaration est formulée laisse penser que tout le processus électoral sera mis en place dans les délais annoncés», a déclaré à l’AFP le constitutionnaliste Zaid Al-Ali.
Toutefois, a-t-il noté, la déclaration composée de 33 articles reste assez
«vague» pour permettre à Mansour d’interpréter la tenue d’élections comme le lancement de l’enregistrement des candidats, ce qui allongerait alors la durée du processus.
Retrait des salafistes d'al-Nour
Peu avant, le parti salafiste al-Nour avait annoncé son retrait des discussions sur le choix d’un Premier ministre et d’un gouvernement de transition en dénonçant le
«massacre» de manifestants islamistes devant un bâtiment militaire.
«Nous avons décidé de nous retirer immédiatement des négociations en réponse au massacre qui a eu lieu devant la Garde républicaine», a déclaré le porte-parole de ce parti, Nader Baqqar, sur Twitter.
Selon les Frères musulmans, le bilan des tirs qui ont éclaté à l’aube contre une foule de manifestants réclamant le retour du président Mohamed Morsi, déposé par l’armée, est de 35 morts au moins, selon le dernier bilan qu'ils avancent.
Le parti al-Nour, la plus importante formation politique salafiste d’Egypte, est un partenaire islamiste de la coalition majoritairement laïque qui soutient le renversement de Morsi, issu des Frères musulmans. Al-Nour s’est déjà opposé à la nomination du prix Nobel de la Paix Mohamed el-Baradei comme Premier ministre, et émet désormais des réserves sur le choix d’un économiste de centre-gauche, Ziad Bahaa Eldin.
Les salafistes estiment que ces deux hommes ne sont pas assez consensuels et réclament une personnalité compatible avec l’ensemble de la mouvance islamiste. Dimanche soir, un porte-parole de la présidence intérimaire avait fait savoir que Ziad Bahaa Eldin, un technocrate de centre-gauche qui a dirigé plusieurs institutions économiques égyptiennes, serait
«très probablement» nommé Premier ministre en Egypte.
«Ziad Bahaa Eldin sera très probablement nommé Premier ministre et Mohamed ElBaradei vice-président», a indiqué a indiqué Ahmad al-Mouslimani, porte-parole de la présidence qui s’exprimait sur la chaîne privée ONTV quatre jours après le coup militaire qui a déposé le président islamiste Mohamed Morsi, contesté par des manifestations d’une ampleur sans précédent.
Le président par intérim Adly Mansour
«penche en faveur des nominations de Bahaa Eldin et Baradei», a-t-il ajouté à l’AFP, en indiquant qu’une décision finale était attendue lundi.
Alors que la transition a été lancée avec la nomination d’Adly Mansour comme président par intérim et la dissolution de la chambre haute dominée par les islamistes, les nouvelles autorités ne souhaitent pas s’aliéner les salafistes, alors que les partisans de Morsi, issu des Frères musulmans, maintiennent une forte mobilisation dans la rue.
Bahaa Eldin, 48 ans, un avocat d’affaires de formation, a dirigé plusieurs institutions chargées des investissements étrangers ou de la surveillance des marchés, puis fait partie du conseil d’administration de la banque centrale. Il est entré en politique après la chute de Hosni Moubarak début 2011 comme l’un des dirigeants d’une formation laïque de centre-gauche, le parti social-démocrate égyptien, et avait été élu député d’Assiout (sud) fin 2011 .
Il est le fils d’un écrivain et intellectuel égyptien renommé, Ahmad Bahaa Eldin. S’il est nommé, ce choix traduirait une volonté des nouvelles autorités de s’attaquer en priorité aux graves difficultés économiques du pays, en proie à une chute du tourisme, un effondrement des investissements étranger et une chute de ses réserves de devises notamment.