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Egypte : l'armée prévoit de suspendre la Constitution et de dissoudre le Parlement
Le 02.07.2013 à 03h07 • Mis à jour le 02.07.2013 à 21h08
Alors que les démissions se succèdent au sein du gouvernement égyptien, ébranlant chaque heure davantage le régime de Mohamed Morsi, l'armée a commencé à fournir, mardi 2 juillet, les détails de la feuille de route qu'elle appliquera, faute d'accord entre les différentes forces politiques du pays à la fin de l'ultimatum qui expire mercredi soir. L'opposition a en outre annoncé que Mohamed El-Baradei, Prix Nobel de la paix en 2005, serait chargé de la représenter, et de "préparer un scénario" en vue de mettre en œuvre une "transition politique".
L'armée pourrait suspendre la Constitution et dissoudre le Parlement
L'armée égyptienne prévoit de suspendre la Constitution, de dissoudre le Parlement et de confier le pouvoir à un
"conseil intérimaire" majoritairement civil si le président Mohamed Morsi et l'opposition ne parviennent pas à un accord de partage du pouvoir avant l'expiration de son ultimatum mercredi, ont indiqué des sources militaires.
Selon ces sources, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) n'a pas encore finalisé les détails de sa
"feuille de route" destinée à sortir le pays d'une crise politique qui a fait descendre des millions d'Egyptiens dans la rue pour réclamer la démission du chef de l'Etat. Le chef d'état-major de l'armée, le général Abdel Fattah Al-Sisi, a donné lundi quarante-huit heures au président Morsi pour accepter les
"demandes du peuple" et partager le pouvoir avec les autres forces politiques. Les deux hommes se sont rencontrés en fin de journée, ont indiqué des sources présidentielle et militaire.
Un hélicoptère de l'armée survole la place Tahrir au Caire, le 2 juillet.
- L'opposition choisit El-Baradei pour la représenter
L'opposition égyptienne a choisi Mohamed El-Baradei, l'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, pour la représenter, a-t-elle annoncé mardi dans un communiqué. Le "Front du 30 juin", qui rassemble les plus importants partis et mouvements hostiles au président islamiste Mohamed Morsi, a déclaré que M. El-Baradei serait sa
"voix" et était chargé de
"préparer un scénario" en vue de mettre en œuvre une
"transition politique". En outre, l'opposition a pris ses distances avec la ligne de l'armée, affirmant qu'elle ne soutiendrait aucun
"coup d'Etat militaire" et soulignant que l'ultimatum ne signifiait pas que les militaires voulaient jouer un rôle politique, tout en réclamant la démission de Mohamed Morsi.
- Rumeurs sur une démission du gouvernement
Le porte-parole de la présidence, Ehab Fahmi, et le porte-parole du gouvernement, Alaa Al-Hadidi, ont démissionné, mardi, dans la foulée de plusieurs ministres la veille. Depuis lundi, cinq ou six ministres du gouvernement, selon les sources, ont démissionné. Le dernier en date, Mohamed Kamel Amr, détenait le portefeuille des affaires étrangères. Aucun des ministres démissionnaires n'est membre des Frères musulmans, le mouvement islamiste dont est issu Mohamed Morsi.Ces nouvelles démissions isolent encore un peu plus le chef de l'Etat, auquel l'armée a donné lundi soir quarante-huit heures pour
"satisfaire les revendications du peuple", au lendemain de manifestations massives à travers tout le pays pour exiger le départ du président issu des Frères musulmans, élu il y a tout juste un an.
Selon une information d'Al-Arabiya, non confirmée pour l'heure, le premier ministre Hicham Qandil aurait lui aussi remis sa démission. Mais le ministre de la justice a peu après démenti une information de la chaîne selon laquelle le gouvernement avait présenté collectivement sa démission au président Morsi. Selon l'agence officielle MENA, deux autres poids lourds du gouvernement – défense et intérieur – n'ont pas assisté au conseil des ministres mardi. Un compte à rebours pour Mohamed Morsi a été mis en ligne anonymement sur Internet.
Un opposant à Morsi près du palais présidentiel au Caire, le 2 juillet.
- Morsi rejette l'ultimatum de l'armée
Déterminée
"à poursuivre dans la voie qu'elle a choisie pour mener une réconciliation nationale globale", la présidence égyptienne note que
"la déclaration des forces armées n'a pas été soumise" à la présidence avant sa diffusion et contient
"des signes pouvant causer la confusion".
"L'Etat démocratique égyptien civil est une des plus importantes réalisations de la révolution du 25 janvier" 2011, qui a renversé le président Hosni Moubarak, poursuit le communiqué, affirmant que
"l'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances". Le Parti pour la liberté et la justice, aile politique des Frères musulmans, dont M. Morsi est membre, a été beaucoup plus direct, demandant aux Egyptiens de
"se rassembler pour défendre l'ordre constitutionnel et pour exprimer leur refus de tout coup d'Etat".
- Obama appelle Morsi à répondre aux revendications des manifestants
A Suez, partisans et adversaires du président Morsi ont échangé des coups de feu, selon des témoins. Au moins 16 personnes sont mortes dans des affrontements de ce type en Egypte depuis le week-end. Inquiet, Barack Obama a téléphoné à Mohamed Morsi pour l'inviter à répondre aux revendications des manifestants (voir le communiqué de l'ambassade américaine). Le général Martin Dempsey, chef de l'état-major américain, est également entré en contact avec son homologue égyptien.
Regarder nos explications en vidéo : Pourquoi des millions d'Egyptiens sont descendus dans la rue