REJETS DANS LES GREFFES D'ORGANESLe Pr Sanhadji trouve la parade
Dimanche 22 Janvier 2012
Par Amar CHEKARLes greffes seront désormais mieux tolérées par le malade
«Cette découverte innovatrice en matière de prise en charge des patients, promet un bel avenir pour le développement de la santé publique», expliquent les deux chercheurs.
Les professeurs Kamel Sanhadji et Jean-Louis Touraine du département de l'immunologie des transplantations de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon, en France, viennent de marquer un important tournant dans la recherche médicale, notamment la greffe des reins.
Ces deux chercheurs ont démontré que les greffes de cellules souches d'origine foetale, chez les «bébés bulle», c'est-à-dire des enfants atteints de déficits immunitaires sévères (identiques à celui qui a touché récemment le petit nourrisson algérien Blidi Manil) se traduisaient par une prise de la greffe et une tolérance définitive.
Selon un document qui nous est parvenu du professeur Sanhadji, les deux chercheurs ont confirmé que «cette tolérance s'installe grâce à une sécrétion élevée d'un composé cellulaire soluble appelé interleukine-10».La production d'un taux élevé de ce produit cellulaire peut maintenir un état de tolérance par rapport à l'organe greffé. Par ailleurs, les deux professeurs sont parvenus à démontrer que les cellules souches, du fait de leur immaturité (cellules jeunes prélevées au niveau de la moelle osseuse ou du foie foetal ou du sang du cordon) n'expriment pas leur surface, leur propre «identité» et ne sont donc pas différenciées et par voie de conséquence ne sont pas rejetées lorsqu'elles sont greffées. De plus, ajoutent les deux chercheurs, en les greffant chez des nouveau-nés atteints de déficits immunitaires, elles rétablissent les fonctions de défense et sont définitivement tolérées.
Les auteurs de cette découverte sont même allés plus loin en greffant des cellules souches chez des foetus avant leur naissance (atteints de déficit immunitaire sévère diagnostiqué avant la naissance grâce à des tests génétiques et fonctionnels).
Une greffe intra-utérine, guidée par voie échographique, de cellules souches chez une femme porteuse d'un bébé atteint de déficit immunitaire se traduit par une prise de greffe meilleure et rapide, évitant ainsi au nourrisson un long séjour en bulle stérile (pour lui éviter les problèmes infectieux).
L'objectif des recherches rapportées dans l'article publié dans le dernier numéros de la revue scientifique américaine Journal of Transplantation est axé sur la compréhension du phénomène de la tolérance immunologique et des conditions de son obtention d'une façon définitive.
Résumant le sujet, les deux professeurs ont expliqué à L'Expression que les différents mécanismes de compréhensions immunologiques de la tolérance de la grossesse pendant 9 mois de gestation, car, la moitié des gènes du bébé est d'origine paternelle donc incompatible, permettraient de trouver les conditions nécessaires pour faire tolérer un organe greffé chez l'adulte malgré l'incompatibilité entre donneur et receveur d'organe.
Evoquant la complexité du sujet du paravent, les deux spécialistes ont souligné dans ledit document qu'en matière de transplantation «la difficulté ne réside pas dans le geste chirurgical tant que la technique s'apprend, le véritable problème réside dans la non-acceptation du greffon», sauf en cas de parfaite compatibilité entre le donneur d'organe et le receveur de la greffe, ce qui n'est possible que dans le cas de vrais jumeaux. Selon les deux chercheurs, c'est le système immunitaire (système de défenses contre les infections) qui est à l'origine soit d'un rejet en reconnaissant l'organe ou le tissu greffé comme étant du «non-soi» (incompatible) soit le tolérer et l'accepter si l'organe ou le tissu greffé est reconnu comme du «soi» (compatible).