WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Internatioal Cameron embarrasse Paris en ciblant le Hezbollah
Mis à jour le 22/05/2013 à 22:53 - Publié le 22/05/2013 à 20:16
Le premier ministre britannique, David Cameron, mercredi à Bruxelles.
Londres plaide pour l'inscription de la branche armée du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes établie par l'Union européenne.
Dans une lettre adressée en début de semaine à ses partenaires européens, Londres plaide pour l'inscription de la branche armée du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes établie par l'UE. Une initiative qui suscite quelque embarras à Paris, où la tentation de s'en prendre au mouvement chiite a toujours fait craindre pour les intérêts français au Liban. Dans sa requête, le gouvernement britannique demande une «réponse collec­tive robuste» des Européens après l'attentat commis le 18 juillet 2012 à l'aéroport de Bourgas, en Bulgarie, qui avait fait six morts, dont cinq touristes israéliens. Le 5 février dernier, la commission d'enquête bulgare conclut à l'implication du Hezbollah dans l'attentat. Autre affaire invoquée par les Britan­niques, la condamnation à Chypre, en mars, d'un Libanais membre du mouvement chiite, pour avoir préparé des attentats contre des intérêts israéliens dans l'île. Le sujet a été évoqué, mercredi soir à l'Élysée, entre David Cameron et François Hollande, lors d'un entretien consacré à la crise syrienne, sur laquelle les deux alliés sont par ailleurs très proches. Le président français a tout simplement refusé de répondre à la question.
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La France - qui a sur place 870 Casques bleus et craint des représailles - invoque aussi les risques de déstabilisation du pays si l'on s'en prend à un acteur politique influent au Proche-Orient
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Londres a pour sa part appelé à la réunion, le 4 juin, d'un groupe de travail afin d'examiner les éléments de preuve susceptibles d'enclencher une démarche formelle. Une telle décision, si elle intervient, prendra plusieurs semaines et doit être prise à l'unanimité des Vingt-Sept. Ceux-ci sont divisés. Pour les Britanniques, qui ont déjà placé la branche armée du Hezbollah sur leur liste nationale d'organisations terroristes, la sanctionner au niveau européen permettrait d'entraver ses activités en Europe. Les Néerlandais sont allés encore plus loin, mettant au ban l'ensemble des composantes du mouvement chiite, et pas seulement sa branche militaire. D'autres pays membres, comme les Espagnols ou les Italiens, présents au Sud-Liban au sein de la Finul, sont nettement moins allants. La France - qui a sur place 870 Casques bleus et craint des représailles - invoque aussi les risques de déstabilisation du pays si l'on s'en prend à un acteur politique influent au Proche-Orient. Personne à Paris n'a oublié l'épisode Jospin lorsqu'en février 2000 le premier ministre s'était fait caillasser par les étudiants palestiniens de l'université de Bir Zeit pour avoir dénoncé les «attaques terroristes du Hezbollah…»
Le débat a ressurgi mezza-voce depuis plusieurs mois. Laurent Fabius, qui s'est entretenu du sujet avec son homologue John Kerry, semblait plutôt désireux de mettre la pression sur le Hezbollah. Depuis Israël, Nicolas Sarkozy a estimé hier qu'«il ne serait que justice que le Hezbollah soit inscrit sur la liste des organisation terroristes de l'Union européenne». Des diplomates, au Quai d'Orsay et à l'Élysée, y sont nettement moins favorables, estimant que la priorité pour la France consiste à ne se couper d'aucune partie libanaise. Au total, la ligne prudente l'emporte, ce qui explique que l'acti­visme britannique ne suscite guère l'enthousiasme. Mais l'engagement du Hezbollah aux côtés de l'armée syrienne change quelque peu la donne. Paris a nettement pris ses distances avec l'Iran pour son «rôle déstabilisateur» en Syrie. Londres fait logiquement valoir à son allié français la nécessité de mettre en cohérence son attitude à l'égard du bras armé de la République islamique.
Le Quai d'Orsay se garde donc de fermer la porte, notant que «plusieurs types de décisions sont possibles», telle une inscription partielle du groupe ou seulement de certains individus sur la liste terroriste.