Accrochés à la dualité pouvoir-islamistes : Les républicains en retard d'une révolution

Ouest-Tribune Le Premier Quotidien de l'Oranie Edition N° 5422 du 15 Janvier 2012



Accrochés à la dualité pouvoir-islamistes :

Les républicains en retard d’une révolution



Le principal problème de cette famille tient dans son éparpillement observe-t-on. Mais bien plus que cela, il est évident qu’après toutes les échéances électorales organisées par le pays, les démocrates ont montré une image de plus en plus pâle. A chaque rendez-vous, ils laissaient des plumes.

A moins de cinq mois des prochaines élections législatives, la scène politique nationale commence à digérer, doucement mais sûrement la perspective d’un gouvernement islamiste en Algérie. Influencés par les succès des islamistes en Tunisie, au Maroc et en Egypte, les acteurs politiques nationaux donnent la nette impression de s’attendre à un raz-de-marée et évoquent pareille thèse comme très recevable. Il se dégage des propos tenus par nombre de personnalités un certain défaitisme comme-ci, il n’existe aucune autre alternative.

L’absence de toute vision politique à même de proposer autre chose que des tentatives de mettre le pouvoir et les islamistes face à face, rend un très mauvais service au courant dit démocratique qui plus de vingt années après l’ouverture politique campe sur ses positions. Lediscours développé par Sid Ahmed Ghozali, président du Front démocratique, renseigne sur cet état de fait. «Ces derniers temps, nous entendons des discours alarmants et alarmistes: le peuple est appelé à choisir entre le mauvais et le moins mauvais; soit nous, soit les islamistes», a déclaré l’ex-premier ministre sous Chadlidans un entretien qu’il a accordé à la chaîne I de la radio nationale. Derrière cette déclaration, M. Ghozali reconnait son impuissance à convaincre les électeurs et rend le pouvoir de cet état de fait. Autre «tare» que partage l’invité de la chaîne I avec d’autres acteurs du camp démocratique, est cette crainte maladive de l’abstention. Rendant le pouvoir responsable de la défection de la majorité des électeurs aux rendez-vous électoraux, il n’en n’avoue pas moins indirectement
l’incompétence politique de la famille «républicaine» à mobiliser les citoyens autour de ses idéaux.

Le principal problème de cette famille tient dans son éparpillement observe-t-on. Mais bien plus que cela, il est évident qu’après toutes les échéances électorales organisées par le pays, les démocrates ont montré une image de plus en plus pâle. A chaque rendez-vous, ils laissaient des plumes. Au regard de l’état dans lequel se trouve cette fraction de la famille politique en Algérie, il devient légitime de s’interroger sur son ancrage populaire supposé. En fait, cette tendance, apparue au grands jours au lendemain d’octobre 88, prônée par des militants ayant connu les affres de l’emprisonnement dans le temps du parti unique, a pris certains raccourcis avec le discours et la pratique politique et s’est mise à simplement «singer» le comportement des familles politiques occidentales, sans se soucier de la demande populaire. Les républicains libéraux qui ont voulu surfer sur la modernité européenne pour glaner des voix, ont enfourché des chevaux plutôt boiteux et se retrouvent aujourd’hui très largement distancés par les islamistes, les nationalistes et même les trotskistes qui ont fait un vrai travail sur eux-mêmes pour s’intégrer dans la société. Se sont-ils trompés de société ? Force est de répondre par la positive à cette question. En tous cas, ils sont très en retard. Les Algériens ne veulent pas entendre des critiques stériles, mais de vraies propositions. Mais écoutent-ils vraiment ? Rien n’est moins sûr.

Smail DAOUDI