Cheikh Abdelwahab Abdjaoui tire sa révérence : La chanson kabyle perd l'un de ses piliers

CHEIKH ABDELWAHAB ABDJAOUI TIRE SA RÉVÉRENCE :

La chanson kabyle perd l'un de ses piliers

Mardi 10 Janvier 2012

Par Boualem CHOUALI


Le chanteur Rachid Baouche, plus connu sous le nom de Abdelwahab Abdjaoui

Le chanteur Abdelwahab Abdjaoui a tiré sa révérence, dans l'après-midi d'avant-hier, à l'âge de 87 ans, des suites d'une longue maladie. Il rejoint son partenaire, ami et compagnon dans l'art lyrique, musique andalouse et kabyle, cheikh Sadek Lebdjaoui. Il reste l'un des monuments de la chanson kabyle et sa disparition est regrettable à la famille artistique qui perd encore l'un de ces piliers.

Cheikh Abdelwahab Abdjaoui a été enterré avant-hier au nouveau cimetière du Bois Sacré dans la ville de Béjaïa devant une foule nombreuse composée de sa famille, ses amis, des artistes et autorités locales et autres anonymes. Cet artiste au long et riche parcours artistique est disparu à l'âge de 87 ans. Il avait soufflé sa 86e bougie l'automne dernier de manière apologétique grâce au dernier festival culturel local de la musique et de la chanson kabyle qui lui avait consacré exclusivement un hommage manifeste. En effet, la plupart des vedettes, groupes et chorales participant à l'instar d'El Ghazi, Djamel Allam, entre autres, avaient au moins chanté un titre du riche répertoire du cheikh.

Cheikh Abdelwahab Abdjaoui est né en 1925 à Béjaïa. Électricien de métier, il fut découvert par Cheihk Sadek Abdjaoui qui l'intégra dans l'orchestre radiophonique de Béjaïa en 1946 pour rester jusqu'à 1962. Les deux figures emblématiques de l'art lyrique de l'ex capitale des hammadites, Cheihk Sadek Abdjaoui et Cheikh Abdelawahab Abdjaoui ont enregistré des centaines de chansons en Kabyle et en arabe. Même s'il a décroché depuis très longtemps soit au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, son nom reste gravé à jamais à l'art lyrique kabyle notamment dans le style humoristique. Il est surtout connu pour les quelques chansons qui passent encore à la radio algérienne. Parmi celles-ci se trouve la plus connue qui s'intitule «A bel yazit», le célèbre conte «le chacal et le coq», chantée en duo avec Cheikh Sadek Abdjaoui. Il y a aussi «Albabor wanaa Tikli» rendu célèbre par El Ghazi et autre «A Bu taâmamt d uqendur» qui raconte «l'histoire du bateau qui débarque de France ramenant des émigrés longtemps séparés de leurs familles». Deux grands hommages lui ont été rendus de son vivant. Par le comité des fêtes lors du fameux Festival de la chanson amazighe en 2010 et le Festival culturel local de la chanson et de la musique kabyles l'automne dernier tenu du 8 au 13 septembre du 2011 dans sa quatrième édition dédiée à la chanson humoristique kabyle. Sa dernière apparition publique remonte à décembre dernier, à l'occasion de la première édition des Rencontres maghrébines de la chanson citadine, organisée en hommage à Sadek Abdjaoui par l'association Ahbab cheikh Sadek el Bedjaoui au niveau du TRB et où il était présent en tant qu'invité d'honneur. «Nous garderons de ce monument une oeuvre inestimable en matière d'art lyrique, de la chanson et de la musique kabyle et andalouse. Il fut et reste une référence dans le domaine pour des générations ancienne et futures. Fort heureusement grâce à la vigilance des hommes de culture clairvoyants des hommages lui ont été rendus de son vivant ce qui a fait de lui un homme comblé en quittant ce bas monde avec le sentiment du devoir accompli», nous dira Hsinou Fadli une figure montante de la chanson chaâbie algérienne. En effet, Da Rachid, communément connu par son nom d'artiste, Abdelwahab Abdjaoui, fut et demeure une référence pour plusieurs générations d'artistes ses oeuvres artistiques, qui ont servi honorablement la chanson Kabyle sont inestimables. Repose en paix l'artiste !