La France va dépolluer un ancien site d’essais d’armes chimiques en Algérie
Par Mourad Arbani | 26/03/2013 | 22:06
Lors de la visite d’État du président François Hollande à Alger, les 19 et 20 décembre 2012, un accord confidentiel portant sur l’engagement de dépolluer un ancien site d’essais d’armes chimiques en Algérie que l’armée française a utilisé jusque dans les années 1970 a été signé loin de tout protocole et de toute présence médiatique.C’est ce que Jean-Dominique Merchet, journaliste à l’hebdomadaire français Marianne a révélé
. Il s’agit du site appelé B2
-Namous situé dans le Sahara algérien.
Selon le même journaliste cité par Jeune Afrique
, l’affaire de ce centre de tirs d’essais d’armes chimiques et bactériologiques avait déjà été révélée en octobre 1997 par la presse française. Mais La nouvelle n’avait provoqué aucun émoi au sein de l’opinion algérienne. En France, elle n’avait débouché que sur l’esquisse d’un débat autour de l’utilisation des armes chimiques.
Pour rappel, la France a conservé durant une période de cinq ans(1962 à 1967) quatre centres d’essais au Sahara : Reggane et In Ekker, pour le nucléaire, Colomb-Béchar (futur B2-Namous) pour les armes chimiques et bactériologiques, et enfin Hammaguir pour la balistique et les fusées spatiales. A l’échéance du délai convenu, Alger et Paris confirment officiellement la fermeture de tous les sites sahariens de l’armée française. Sauf celui de B2-Namous.
Toujours selon la même source, le président Charles de Gaulle avait demandé à Boumédiène la prorogation de l’accord pour le maintien du centre de Beni Ounif. Contre toute attente, le président algérien concède une période supplémentaire de cinq ans tout en imposant une condition : B2-Namous sera exclusivement une affaire militaire.
En d’autres termes, pas question d’y associer ou d’en informer les circuits diplomatiques, donc Abdelaziz Bouteflika, ministre des affaires étrangères à l’époque, na pas été mis dans la confidence.
Un accord-cadre est secrètement signé, le 27 mai 1967, entre l’ambassadeur de France et le commandant Abdelkader Chabou, secrétaire général du ministère de la Défense.
Toujours selon la même source, jusqu’en 1978, près de 6.000 kilomètres carrés du Sahara, dans la région de Beni Ounif, frontalière avec le Maroc, sont demeurés sous le contrôle de l’armée française. Et ce avec l’accord et, à partir de 1972, la protection de l’armée algérienne.
A en croire le journaliste français, reprenant les propos tenus par un proche de Abdelaziz Bouteflika en 1997, dans un témoignage fourni à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, ce dernier aurait confié à son entourage, au sujet du B2
-Namous, que “Boumédiène m’a fait un enfant dans le dos !”.