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Banque des PME : Moscovici recadre Montebourg
Publié le 01.09.2012 à 09h53 • Mis à jour le 01.09.2012 à 13h11
Le ministre de l'économie, des finances et du commerce extérieur, Pierre Moscovici, le 17 mai dans son bureau à Bercy.
La Banque publique d'investissement (BPI), destinée à financer les PME et les entreprises innovantes, verra le jour "dans les jours qui viennent". Ainsi en a décidé le chef de l'Etat, dont l'annonce, vendredi 31 août, a été quelque peu parasitée par une polémique déclenchée par Le Nouvel Observateur.
La création de la BPI, premier des 60 engagements de campagne de François Hollande, était initialement envisagée au début de l'année 2013. Mais l'atonie de la croissance, les difficultés de financement des PME et la volonté d'accélérer les réformes ont conduit l'exécutif à retenir un autre calendrier. La BPI devrait donc être sur pied en septembre.
L'annonce du chef de l'Etat est importante pour nombre d'entreprises – en particulier pour les sociétés innovantes – confrontées, sur certains segments du marché, à un assèchement de leurs crédits. Mais la communication présidentielle a été perturbée par les propos tenus, vendredi matin, par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, en marge de l'université d'été du Medef.
SOUPÇON DE CONFLIT D'INTÉRÊTSDans son édition du 30 août,
Le Nouvel Observateur laisse entendre qu'en échange de l'embauche d'Audrey Pulvar, compagne de M. Montebourg, aux
Inrockuptibles, le journal de Matthieu Pigasse, la banque Lazard aurait
"obtenu d'Arnaud Montebourg (et de Pierre Moscovici)" un mandat de conseil pour la création de la future banque publique d'investissement.
Or M. Pigasse, par ailleurs actionnaire du Groupe Le Monde, est le numéro deux de Lazard à Paris. Ainsi lancé, le soupçon de conflit d'intérêts a été aussitôt agité par deux députés UMP, Catherine Vautrin et Sébastien Huyghe.
M. Montebourg a d'abord qualifié d'
"infondées" et d'
"erronées" les accusations de l'hebdomadaire. Puis, aux journalistes qui l'interrogeaient à Jouy-en-Josas (Yvelines), en marge de l'université d'été patronale, il a assuré que le choix de la banque Lazard relevait du seul ministère de l'économie et qu'il le
"regrettait".
"La Banque publique d'investissement, je trouve qu'elle ne peut pas être réalisée par des banquiers, parce que faire une banque qui ressemblerait à d'autres banques, ce n'est vraiment pas ce que l'on cherche à faire", a-t-il ajouté.
A Bercy, où l'on préférerait rester concentré sur le fond du sujet (les PME et leurs problèmes d'accès aux crédits), on confirme que la décision relative à la banque d'affaires a été prise par M. Moscovici seul, dont relèvent toutes les questions relatives au financement de l'économie. Et dans la soirée, M. Moscovici, agacé par ce pataquès, a fait une triple mise au point. Il a d'abord exonéré M. Montebourg de toute responsabilité dans le choix de Lazard et en a expliqué la genèse.
AU SEIN D'UN GOUVERNEMENT, "IL FAUT LA JOUER SOLIDAIRE"A la suite de la remise à Bercy, le 31 juillet, du rapport de Bruno Parent, chargé d'une mission de préfiguration de la nouvelle Banque publique, M. Moscovici a demandé à ses services – l'agence des participations de l'Etat (APE) et le Trésor – de s'adjoindre un conseil pour tout ce qui est opérationnel.
Le rapprochement de structures comme OSÉO, CDC entreprises et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) s'accompagnera de valorisations d'actifs qui requièrent des expertises juridiques comptables, financières et prudentielles. Il est
"tout à fait normal" en pareil cas de s'adjoindre un conseil, explique Bercy. Un appel d'offres a donc été lancé, et, des quatre banques candidates, c'est Lazard qui l'a emporté.
"Il n'y a eu aucune forme de caution ou d'intervention politique dans cette affaire, dont je ne me suis jamais entretenu avec Matthieu Pigasse. La procédure a été normale, transparente et irréprochable", a assuré au
Monde le ministre de l'économie.
"Lazard est un conseil technique. Les missions de la Banque publique d'investissement seront, elles, définies par le politique", a-t-il poursuivi.
"Enfin, quand on appartient à un gouvernement, il vaut mieux la jouer solidaire", a estimé M. Moscovici à l'endroit de son collègue ministre.
Les deux hommes rencontrent la semaine prochaine les présidents des conseils régionaux pour évoquer leur place dans un dispositif censé aider les PME, au plus proche du terrain, à renforcer leurs fonds propres et à se financer à l'export.
La France compte 3,5 millions de PME et, parmi elles, 4 700 entreprises de taille intermédiaire (de grosses PME). Elles jouent un rôle clé dans l'emploi et dans la croissance.