Cérémonie d'allégeance au roi du Maroc : La " beyâa " de l'humiliation

International

Samedi, 25 Août 2012 09:50

Cérémonie d'allégeance au roi du Maroc : La “beyâa” de l’humiliation

Par : Merzak Tigrine

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Cérémonie d'allégeance au roi Mohammed VI, le 19 août 2012 à Rabat

Les images de la traditionnelle cérémonie d’allégeance au souverain alaouite montrant les notables, élus et autres ministres se prosterner devant Mohammed VI, ont donné lieu à une série de critiques inhabituelles au Maroc.

Même si les islamistes au pouvoir n’ont pas bronché contrairement à leurs habitudes, cette cérémonie d'allégeance au roi du Maroc, qui commémore l'accession au trône de Mohammed VI, en rappelant qu’il est le “commandeur des croyants”(amir al-mouminin), des voix se sont élevées au royaume de sa majesté pour dire que “le respect dû au roi n'a rien à voir avec la prosternation et l'humiliation”. Inhabituellement, cette cérémonie d’allégeance, organisée pour la première fois en 1934 en guise de protestation contre la colonisation française du Maroc, a donné lieu une rare série de critiques. En effet, le lendemain de la cérémonie, qui s’est déroulée cette année pour la première fois en présence de ministres islamistes, quelques dizaines de personnes ont manifesté devant le Parlement à Rabat pour appeler à sa suppression, avant d'être dispersées brutalement par les forces de l'ordre. Hamza Mahfoud, l'un des participants à la protestation, a déclaré à l'AFP : “Cette manifestation d'allégeance pour la liberté et la dignité est pacifique et nous voulons à travers elle exprimer notre refus de cette cérémonie humiliante.” Un “manifeste de la dignité” a par ailleurs été signé par une centaine de personnes, appartenant à des ONG et au mouvement contestataire du 20 Février initié dans le sillage du Printemps arabe. En outre, des hommes politiques de gauche et du PJD en sont également signataires. À signaler que la police a fait usage de la force pour disperser le cortège. Il y a lieu de rappeler que quelques jours avant le déroulement des élections de novembre 2011, marquées par la nette victoire des islamistes modérés, le futur Premier ministre, Abdelillah Benkirane, avait lui-même pris position, estimant que “certains aspects” de la cérémonie devaient “être révisés pour se conformer à la modernité”. Il est allé jusqu’à dire : “On est au XXIe siècle”! Un autre responsable du PJD, Abdelali Hamiddine, a jugé lui auprès de l'AFP que la cérémonie d'allégeance “n'est pas nécessaire chaque année”, avant d'ajouter : “Nous devons abandonner ces rituels humiliants pour la dignité humaine. C'est en contradiction avec la modernité politique.” Mais le PJD a participé à la cérémonie d’allégeance sans broncher. Le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, qui n'est pas membre du PJD, a banalisé la question en déclarant sur la première chaîne de télévision marocaine qu’il ne s’agit que d’un “renouvellement de la part des Marocains de l'allégeance au roi au titre du contrat politique et religieux global”. Il rappellera ainsi que “l’État qui a été instauré par le Prophète est basé sur l'acte d'allégeance qui s'est déroulé sous l'arbre”. Certes, c’est un fait historique, mais les croyants ne se prosternaient pas devant le Prophète Mohammed (QSSSL). Ceci étant, cette cérémonie d’allégeance ne se déroulait qu'au moment de l'intronisation du nouveau roi mais a été annualisée en 1962 par Hassan II. La décision de son report avait été interprétée par des médias marocains comme un prélude à la suppression de la cérémonie, avant que les autorités ne signalent qu'il était dû au Ramadhan. En effet, c’est en raison du mois de Ramadhan qu’elle a été reportée. Elle ne s'est toutefois tenue que mardi dernier, dans la grande cour du palais royal de Rabat, en présence d'un millier de notables, d'élus et de membres du gouvernement islamiste issu des législatives de 2011 remportées par le Parti justice et développement (PJD). Appelée “beyâa”, la cérémonie d’allégeance au souverain alaouite se déroule tous les 30 juillet, date à laquelle Mohammed VI a succédé en 1999 à son père Hassan II. Comme de coutume, les dignitaires se sont prosternés, par groupes successifs face au roi, en tenue d'apparat sur un cheval noir protégé d'une ombrelle.

M T

Salam,

Décidément je ne comprendrai jamais ce peuple marocain qui a mes yeux reste timoré et statique devant une telle mascarade que je mesure comme honteuse, indigne et sans précédent. La confirmation annuelle de l’allégeance des notables marocains au roi reste étonnante surtout quand on voit dans quelle misère vit une partie de la population du pays… J'ai vu récemment un documentaire sur les enfants de Marrakech à la TV (France 24) c'était édifiant. Cela m'a déchiré le coeur et m'a conforté dans mon dégoût de cette « famille royale » indigne mais dont notre argent, au travers de nos séjours touristiques, finance ! Cette cérémonie à la gloire du roi, d'un autre âge, ne devrait plus exister et c'est au seul peuple marocain d'y mettre un terme final. Le voudra-t-il au moins ? Il faudrait pour permettre ce changement un « printemps marocain » ... La corruption, ce mal récurrent au Maroc, est connue et est très ancienne… du temps d’Hassan II, « notre ami le Roi » c’était encore pire et il valait mieux soit être du bon côté du manche ou s’expatrier… ce que tous les touristes avaient soin de ne pas remarquer ! Ensuite, pour le caractère sacré, cela reste à prouver. Je sais que dans les monarchies musulmanes (Maroc, Jordanie), on dit des rois qu’ils descendent du prophète mais pour moi cela ressemble plus à une volonté de légitimer leur pouvoir mais qu'à cela ne tienne le monarque devrait donc vivre selon les préceptes de sa foi dictés par son ancêtre, à savoir vivre modestement sans faste ni luxure… À méditer ! D'ailleurs, ce cérémonial d'un autre âge est inscrit dans la durée. On ferait avaler n'importe quoi aux pauvres gens ne sachant ni lire ni écrire…..C est vrai qu il vaut mieux laisser tout le monde dans l'ignorance pour pouvoir régner, ne recevoir que très peu de commentaires... Cette tradition marocaine est qu'on le veuille ou non d'un autre temps !!! « Comme si cet homme était sacré » ? Aux yeux des Marocains, il l’est d’une certaine manière : en tant que « descendant du Prophète ». Aucun prosélytisme dans ce que je dis là : vrai ou faux historiquement, c’est la tradition marocaine. Mais il est sacré ! Souvenons-nous quand même que pour tous les Marocains il est le Commandeur des croyants, autorité religieuse suprême, descendant du prophète Mahomet, en même temps que roi du Maroc. Cependant, il est vrai que le peuple marocain est très loin de toutes ces cérémonies, dorures et palais ! C’est pourtant une tradition que l’on ne peut juger si on n’est pas marocain… Pour ma part, ce roi n'a rien de sacré, c'est un homme comme vous et moi. Descendant du prophète Mohammed, je n'y crois pas un seul instant mais surtout on ne touche pas à cette légende qui fait vivre la palais royal. Je terminerai mon propos par cette image d'un général, plus haut gradé de l'armée marocaine, baisant la main de ce roitelet. Quelle humiliation par le geste que cette pratique obligatoire. Certaines personnes vont même s'abaisser pour lui embrasser les pieds. C'est vrai qu'il a le pouvoir de vie ou de mort sur ses sujets.
Ah que je déteste ce système !!!

J'insère à ce post cette vidéo, ci dessous :

VIDEO de la cérémonie d'allégeance 2012

Amicalement,

JAMEL

Messages : 3 Date d'inscription : 30/05/2012

Bonsoir,

Il s’agit, si j’ai bien compris, d’une cérémonie annuelle au cours de laquelle les grands dignitaires du royaume renouvellent leur allégeance au roi. Au Royaume-Uni, par exemple, Elisabeth II a été reconnue comme reine au moment de son couronnement, cette reconnaissance valant pour tout le règne. On ne recommence pas chaque année. Des raisons historiques propres au Maroc expliquent sans doute cette situation. Mohamed V, et son fils Hassan II, ressentaient manifestement le besoin de «vérifier» la loyauté de tous leurs sujets (Il suffit de rappeler les relations contentieuses qui existaient entre le sultan Mohamed V et le pacha de Marrakech, le Glaoui). Le souverain actuel continue la tradition. Le Maroc évolue, à son rythme. La réforme constitutionnelle qui donne plus de pouvoirs au premier ministre n’a pas encore donné tous ses fruits mais ne faut-il pas «laisser du temps au temps» ? Quant aux graves préoccupations économiques et sociales de la jeunesse marocaine, trouveront-elles une issue favorable pour endiguer cette situation ? Difficile à dire.

Cordialement,

LeBoss

Messages : 3 Date d'inscription : 16/03/2012

Salut tout le monde,

D’accord avec vous Jamel et LeBoss, je dirais même plus cette cérémonie donne un caractère dégradant comme si cet homme était sacré et son peuple sous-humain!!! Le problème au Maroc c’est qu’il y a beaucoup de riches, et beaucoup de gens très pauvres, peu sont de classe moyenne. Lors des fêtes nationales par exemple, les responsables marocains embrassent la main du fils aîné du roi, et les sujets baissent leurs têtes au passage du roi. Il y a bien sur des traditions mais certaines manières restent assez dégradantes.

Bien à vous,

Fatiha

Messages : 23 Date d'inscription : 01/11/2011 Age : 41 Localisation : Marseille

Bonsoir,

Des amis marocains de Marseille m'ont dit que c'est une tradition récente inventée pour embêter le colonisateur avant d’être remise en place par feu le roi Hassan II. Je vous avoue que la soumission au roi exprimée ici par les notables est surprenante. Le contrat entre les élites et le roi est-il si fragile qu’il nécessite une telle manifestation? Au Maroc, pour vivre normalement il ne faut surtout pas parler du roi sinon gare à la prison... de sa majesté.

Amicalement,

Hassen