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 Les Pieds-Noirs, 50 ans après

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Jamel
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Jamel


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Les Pieds-Noirs, 50 ans après Empty
MessageSujet: Les Pieds-Noirs, 50 ans après   Les Pieds-Noirs, 50 ans après Icon_minitimeMar 10 Juil - 16:58

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Les pieds-noirs, 50 ans après

Mis à jour le 08/02/2012 à 12:01 | publié le 27/01/2012 à 17:50

En 1962, comme si un barrage s'était rompu, 700.000 Français d'Algérie déferlent sur la métropole. Drame national à leur arrivée, cet exode, vu avec cinquante ans de recul, a connu un épilogue heureux: la réussite de leur intégration.


Quelques lignes sur le terme pied-noir. En général, les Français d'Algérie ne l'aiment pas. On leur a collé cette étiquette au moment de l'exode. Ses origines sont contestées. Les uns affirment que le mot remonte aux soldats français débarqués en 1830 qui portaient des guêtres noires. Les autres pensent que le sobriquet vient des colons viticulteurs qui écrasaient le raisin en le piétinant et sortaient du pressoir les pieds noircis par le jus. Quelle que soit son étymologie, l'expression va s'imposer en France et éclipser les autres.En 1962, au moment des accords d'Evian, la métropole les appelle déjà rapatriés. Un secrétariat d'Etat aux Rapatriés a été créé l'année précédente, confié à Robert Boulin. Dans la foulée, des décrets ont été publiés prévoyant l'accueil des Français d'Algérie ainsi que leur accès à des aides spécifiques. Mais ce dispositif, copié sur celui mis en place pour les Français du Maroc, de Tunisie et d'Indochine, va être totalement submergé.Depuis la Toussaint 1954, cela fait plus de sept ans que l'Algérie vit dans la guerre. D'abord dans les campagnes puis dans les villes avec, pour ne citer que quelques épisodes, la bataille d'Alger, le terrorisme, les assassinats, sans oublier les fameuses nuits bleues où les explosions succèdent aux explosions. Quand des négociations secrètes, à l'initiative du général de Gaulle, aboutissent aux accords du 18 mars 1962 conduisant à un cessez-le-feu, prélude à l'indépendance, fureur et désespoir se mêlent dans le coeur des Européens d'Algérie. L'Organisation armée secrète (OAS), créée un an auparavant dans le but de maintenir l'Algérie française, redouble de violence. À Alger, l'armée impose un blocus au quartier (européen) de Bab el-Oued et en bombarde certains bâtiments. Des soldats français tirent sur d'autres Français rue d'Isly. Pour une immense majorité de pieds-noirs, ces combats fratricides, qui s'ajoutent aux exactions récurrentes du Front de libération nationale (FLN), donnent le signal du départ. L'armée n'est plus là pour les défendre et ils refusent de rester dans un pays gouverné par leur ennemi FLN. Les massacres d'Oran (plusieurs milliers de victimes), perpétrés le 5 juillet, jour de la proclamation de l'indépendance, sans que la garnison française n'intervienne, emporteront les doutes de ceux qui hésitaient encore. C'est «la valise ou le cercueil».

Certains pensent encore revenir pour un vrai déménagement

Entre mars et septembre 1962, villes et villages d'Algérie se vident de leur population européenne comme si un barrage s'était rompu. Des rotations incessantes de navires vers Marseille et Port-Vendres ainsi qu'une noria d'avions déversent près de 700.000 rapatriés sur le sol de la métropole - 70 % de la population française d'Algérie. Rares sont ceux qui ont pu déménager. La plupart sont partis dès qu'ils ont décroché un passage maritime ou un billet d'avion. On a bourré les valises à la hâte et chaque membre de la famille en transporte une ou deux. Certains songent à revenir plus tard pour effectuer un déménagement en bonne et due forme. Mais beaucoup croient ce départ définitif. Dans son émouvant ouvrage La Traversée, l'écrivain Alain Vircondelet raconte: «On savait que sitôt partis, la porte serait fracturée et qu'une famille, peut-être déjà aux aguets, occuperait les lieux.» Ainsi, nombre de portes resteront ouvertes et des voitures abandonnées avec les clés sur le tableau de bord - d'autres, au contraire, incendieront leur véhicule plutôt que de le laisser aux «vainqueurs».Quand ils embarquent et jettent un dernier regard vers cette terre d'Algérie qui les a vus naître, ces rapatriés éprouvent le goût amer de la trahison. Le gouvernement, remâchent-ils, a précipité leur perte, détruit leur existence et bradé «leur» pays. Jetés sur les routes de l'exil, beaucoup espèrent trouver le réconfort en gagnant la «mère patrie». C'est De Gaulle qui les a trahis, pas la France, veulent-ils croire pendant leur traversée sans retour. Du moins la France des livres d'histoire et des manuels de géographie. Car ce peuple d'artisans, d'employés, de commerçants, de fonctionnaires cher à Albert Camus n'a, dans sa majeure partie, jamais foulé le sol de l'Hexagone. Ceux qui l'ont visité n'y ont souvent passé que quelques semaines de vacances et n'en ont donc rapporté que des souvenirs heureux.Leur vision idyllique ne résistera pas aux premières heures passées sur les quais de Marseille ou dans les salles de débarquement d'Orly. Policiers suspicieux - l'Intérieur traque les hommes de l'OAS - et douaniers pinailleurs transforment les premiers instants en une attente interminable. Les rapatriés découvrent soudain une France marquée par la guerre d'Algérie, mais pas comme ils l'ont été eux-mêmes. Ces Français-là les accueillent souvent mal, parce que des dizaines de milliers d'appelés du contingent ont été envoyés dans les Aurès «à cause d'eux» ; parce que l'OAS a commis des attentats en métropole et qu'on les tient pour responsables ; et parce que des généraux ont organisé un putsch un an plus tôt contre la République. L'hostilité a été amplifiée par une certaine presse et par la propagande communiste, qui les présentent tous comme des «colons»: propriétaires latifundiaires exploitant de pauvres fellahs ou bourgeois nantis dont les Arabes ciraient les chaussures aux terrasses des cafés. En réalité, les trois quarts des Français d'Algérie avaient des revenus inférieurs de 20 % à ceux des métropolitains. Et les riches que le PC brocardait ne représentaient que... 3 % des pieds-noirs.

Un quart des biens débarqués ont été volés

Gaston Defferre, alors maire de Marseille, se place au premier rang du «comité d'accueil». Supporter de l'indépendance, il n'éprouve pas de sympathie pour ces intrus qui débarquent par milliers chaque jour dans la cité phocéenne. Le 2 juillet 1962, dans une interview à Paris-Presse, il déclare: «Au début, le Marseillais était ému par l'arrivée de ces pauvres gens, mais, bien vite, les pieds-noirs ont voulu faire comme ils le faisaient en Algérie quand ils donnaient des coups de pieds aux fesses des Arabes. Alors les Marseillais se sont rebiffés. Vous-même, regardez en ville: toutes les voitures immatriculées en Algérie sont en infraction!» «Halte au péril pied-noir», peut-on lire sur des affiches placardées sur les murs du port. Dans ce climat tendu, des pieds-noirs verront même leurs caisses jetées dans les bassins par des dockers CGT... L'historien Jean-Jacques Jordi estime que le quart des biens des rapatriés déchargés à Marseille ont été purement et simplement volés.Le gouvernement n'est pas en reste. Le général de Gaulle observe cet exode avec inquiétude: il discrédite les accords d'Evian qui stipulaient des garanties pour les Français d'Algérie et rejette vers la métropole ses plus farouches détracteurs. Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, qui a mené les négociations avec le FLN, voit ces arrivées massives comme une catastrophe. Robert Boulin, secrétaire d'Etat aux Rapatriés, tente de minimiser l'événement. En Conseil des ministres, il explique que cet afflux cache un grand nombre de vacanciers qui retourneront en Algérie à la rentrée et que seulement 160.000 pieds-noirs sont partis pour de bon...En fait, quelles qu'aient été les arrière-pensées politiques des uns ou des autres, l'afflux soudain de pieds-noirs prend le gouvernement et l'administration au dépourvu. Ni le secrétariat d'Etat, ni le ministère de l'Intérieur, ni les préfectures ne sont prêts à y faire face. Le problème est énorme. Il faut loger, nourrir, scolariser des milliers de Français arrivés en six mois.Les plus argentés, une minorité, possèdent une maison ou un appartement en métropole et peuvent s'y installer. Mais que faire des autres? Quand ils ont encore des liens familiaux, les pieds-noirs campent chez des parents. Mais ces solutions de fortune, à cinq ou six dans une pièce, ne sont pas durables. Elles ne font que repousser le problème et grossir les rangs des mécontents. Quant à ceux qui n'ont pas de famille en France - c'est par exemple le cas des pieds-noirs d'origine espagnole ou des juifs séfarades -, ils n'ont rien.La question du logement est la plus urgente. Hélas, en ce début des années 60, la France se débat déjà avec ce problème. Les dossiers des rapatriés vont donc épaissir le fichier des mal-logés et s'ajouter aux cohortes de demandeurs de HLM. À l'été 1962, on les héberge dans des internats, vides durant les vacances scolaires, dans des entrepôts désaffectés ou d'anciennes casernes, voire dans de petits hôtels sans confort réquisitionnés par les préfectures. La Croix-Rouge, le Secours catholique, la Cimade (protestante), le Fonds social juif déploient leurs bénévoles pour assister les pieds-noirs. Ces «solutions» relèvent toutes de l'expédient ou de la charité plutôt que du plan réfléchi et concerté. Longtemps encore, ils furent des milliers à occuper des logements insalubres en payant des loyers prohibitifs au regard de l'état des locaux. Il faudra des années pour régler le relogement des pieds-noirs en France. Le chercheur Yann Scioldo-Zürcher, auteur d'une étude détaillée sur l'intégration des rapatriés d'Algérie (Devenir métropolitain, éditions EHESS), souligne néanmoins que l'État a veillé à ce que les rapatriés n'échouent pas dans les bidonvilles, nombreux autour des grandes villes françaises de l'époque.

Attirés par le climat du midi de la France

L'objectif d'origine - veiller à éviter des concentrations trop importantes dans certaines régions de France - n'a pas été atteint. Le midi de la France, notamment le pourtour méditerranéen, concentre la majorité des pieds-noirs. Viennent ensuite la région parisienne, puis le Rhône et l'Isère. Une répartition géographique qui révèle deux tendances fortes. Premièrement, beaucoup de pieds-noirs ont privilégié le climat. N'oublions pas que cette population composite, mêlant Français, Espagnols, Maltais, Italiens, Grecs, Séfarades, représentait une sorte de concentré de Méditerranée qui n'avait que peu, ou pas du tout, de racines en France. D'où l'envie de s'établir près de la «grande bleue» ou, en tout cas, d'éviter les hivers trop rudes. Deuxièmement, les zones de forte expansion ont accueilli de nombreux pieds-noirs. Le constat est vrai pour l'Ile-de-France et la région Rhône-Alpes. Mais il l'est aussi pour les grandes villes du Midi: Marseille, Nice, Montpellier, Perpignan, Toulon. L'arrivée des pieds-noirs a correspondu avec le moment fort des Trente Glorieuses, marqué par une croissance annuelle supérieure à 6 % jusqu'en 1965. Ils y prirent leur part.

Dans l'agriculture, une réussite moins harmonieuse

Il est bien entendu très difficile de mesurer la réussite spécifique de la population rapatriée une fois installée sur le territoire de la métropole. A leur arrivée, l'économie française en général et le marché de l'emploi en particulier n'avaient pas forcément besoin d'eux. Artisans, petits commerçants, modestes employés, agriculteurs, ils faisaient irruption dans une France en pleine mutation: exode rural, industrialisation, avènement des grandes surfaces commerciales. Au départ, les autorités ont attribué des aides aux indépendants pour qu'ils se réinstallent tout en octroyant des surprimes, substantielles, à ceux qui optaient pour un emploi salarié. La rabbia, ce mot italien utilisé à Bab el-Oued qui signifie rage, animait-elle les rapatriés à leur arrivée? En tout cas, ces Français qui avaient tout perdu ont tracé leur chemin en créant des PME, notamment dans le bâtiment, dans la confection et dans les services. Dans les professions libérales, médecins, vétérinaires, dentistes, avocats, notaires, les réussites sont patentes. Dans le monde agricole, le tableau est moins harmonieux. À côté de grands succès, notamment en Corse avec la viticulture et les agrumes ou sur la Côte d'Azur avec les pépiniéristes, on déplore de nombreux échecs. Les pieds-noirs, parfois incités par les pouvoirs publics ou les chambres d'agriculture, ont repris des exploitations abandonnées par des paysans qui avaient gagné la ville. Payées au prix fort, les terres n'ont pas produit les revenus attendus et ont plongé leurs acquéreurs dans les difficultés, voire la faillite.Les fonctionnaires sont un cas particulier. Les administrations les ont intégrés, parfois avec quelques retards dans la carrière, et les agents des organismes locaux ont fini par être réaffectés au sein de services publics en France. Exemple célèbre dont beaucoup de lycéens des années 60 se souviendront: les infirmières des hôpitaux d'Algérie que l'on réorienta vers la médecine scolaire.N'oublions pas la musique, le cinéma et le show-business où les réussites sont légion. C'est vrai pour les Séfarades qui dominent la comédie, au grand dam de certains qui se sentent caricaturés par leur genre d'humour.Mal partis et finalement bien arrivés, les rapatriés auront quand même obtenu de réelles compensations de la République - ce que certains ont semblé oublier. En 1970, le Sénat chiffrait à 26 milliards de francs le total des aides et allocations. Quant aux indemnisations au titre des lois de 1970, 1974 et 1978, elles se montent à près de 29 milliards de francs. Des sommes obtenues de haute lutte, bien après que le Général eut quitté le pouvoir, notamment sous Giscard. Au bout du compte, les pieds-noirs n'ont pas «tout» perdu. La France, quant à elle, a gagné des citoyens qui ne demandaient qu'à l'intégrer. C'est une réussite.
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MessageSujet: «Pour nous, la cicatrice dne s'est jamais refermée»   Les Pieds-Noirs, 50 ans après Icon_minitimeMar 10 Juil - 17:03

WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ Les Pieds-Noirs, 50 ans après F_tetrub Société

«Pour nous, la cicatrice ne s'est jamais refermée»

Publié le 27/01/2012 à 17:19

Les Pieds-Noirs, 50 ans après E6db7d38-4901-11e1-8c33-83a9aa16abdc
Jean-François Collin, président de l'Adimad, à Marignane, devant la stèle des fusillés et combattants de l'OAS.

Ils n'oublieront jamais l'année 1962 et son cortège d'horreurs. Une blessure qui ne s'est jamais totalement refermée.

La scène se passe le jeudi 15 décembre 2011 dans un restaurant d'Aix-en-Provence. Le lieu n'est pas choisi au hasard: c'est dans le sud de la France que la majorité des rapatriés d'Algérie ont échoué en 1962, avec une valise pour tout bagage. Souvent, ils y sont restés. Non loin de cette Méditerranée qu'ils ont dû traverser à la hâte, dans le chaos et les larmes. Aujourd'hui, ils sont une dizaine d'hommes et de femmes venus parler - à notre demande - de cette année fatale.Pour le Français lambda, 1962, c'est de l'histoire ancienne. Mais pour eux, c'est encore hier, tant ce qu'ils ont vécu les a marqués. Dans leur chair et dans leur âme. «Une cicatrice qui ne s'est jamais refermée», nous avait prévenus Jean-Paul Sellès, organisateur de la rencontre. Et le besoin d'en parler, car, avait-il ajouté, «les médias refusent de nous entendre, ou alors, tronquent la réalité. Nous sommes les victimes mais on nous fait passer pour les coupables». De fait, le déjeuner commence dans le brouhaha. Un flot de paroles nous submerge. Chacun a son histoire, toujours édifiante, qui jaillit spontanément et parfois confusément. Un trop-plein d'émotion. A tel point qu'il faut mettre un peu d'ordre dans le débat.C'est Jean-François Collin qui s'en charge et fait en sorte que les participants se présentent un à un. Ex-officier parachutiste, ayant déserté pour rejoindre l'OAS, arrêté en 1962 et emprisonné jusqu'en 1967, il préside l'Association amicale pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés politiques de l'Algérie française (Adimad). Son association a pour objectif de «défendre la mémoire des héros de l'Algérie française assassinés par le pouvoir gaulliste». Posément mais fermement, il explique le bras de fer juridique engagé avec les autorités pour ériger des stèles en l'honneur des fusillés et combattants de l'OAS dans plusieurs communes (Marignane, Perpignan, Théoule-sur-Mer). «En Algérie, nos cimetières ont été profanés, explique-t-il. En France, on célèbre la date du 19 mars 1962 (les accords d'Evian, ndlr), ce qui est un scandale. Cela revient à chanter les louanges du FLN. La preuve, c'est que l'Algérie elle-même édite un timbre du 19 mars intitulé»Fête de la Victoire*. Quelle honte! Nous, ce qu'on souhaite, c'est de la reconnaissance pour ce qui fut un juste combat.»

La fusillade de la rue d'Isly et le massacre d'Oran

A ses côtés, trois autres anciens de l'OAS, Robert Saucourt, Fred Artz et Guy Pujante racontent ensuite pourquoi et comment ils ont intégré l'organisation clandestine, «la seule structure qui protégeait les pieds-noirs, lâchés par la République française et littéralement jetés aux mains des terroristes du FLN». Pour illustrer leur propos, ils reviennent longuement sur deux événements occultés ou censurés dans l'histoire de la Ve République: la fusillade de la rue d'Isly, le 26 mars 1962, et le massacre d'Oran, le 5 juillet 1962.Le 26 mars 1962, la population européenne d'Alger, à l'appel de l'OAS mais sans armes, manifestait son soutien aux habitants de Bab el-Oued, quartier pied-noir subissant un blocus de l'armée depuis quatre jours (avec bombardement de l'aviation). Prise dans une nasse du côté de la rue d'Isly, la foule fut mitraillée sans sommation, et pendant douze minutes ininterrompues, par les tirailleurs musulmans de l'armée française chargés d'encadrer le rassemblement. «Sur ordre du délégué général du gouvernement», précise Guy Pujante. Bilan officiel: 46 morts et 150 blessés. «Sans doute beaucoup plus», estime Françoise Mesquida, jeune fille à l'époque, qui a une raison particulière d'évoquer cette maudite journée. Ainsi qu'elle l'a raconté dans un livre, le matin, elle a vu partir ses parents dans le cortège. Sa mère n'est jamais revenue, tuée de deux balles: «C'est notre père qui nous a appris l'atroce nouvelle:»Ils ont tué votre maman!* La dernière image que j'ai d'elle, c'est une photo prise à la morgue.»Pudique, elle n'en dit pas plus et invite son amie Viviane Pinto Ezagouri à témoigner sur le massacre d'Oran. Le 5 juillet 1962, date choisie par le FLN pour proclamer l'indépendance, un pogrom anti-européen y eut lieu sans que le général Katz (qui commandait pourtant à 20.000 soldats français dans la ville) intervienne pour arrêter le massacre. Probablement entre 3000 et 5000 morts ou disparus. Dont le père de Viviane, qui s'en est elle-même sortie de justesse (grâce à l'intervention d'un fellaga de son quartier!): «Papa a été enlevé et jamais retrouvé. Malgré toutes nos demandes, on a ignoré ce qui lui était arrivé pendant quarante ans. Il a fallu attendre l'ouverture des archives du ministère des Affaires étrangères, en 2004, pour que je sois fixée. On m'a donné un rapport de la Croix-Rouge datant de 1963 qui mentionne:»Probablement égorgé, cadavre jeté dans le four d'un bain maure.* Quarante ans d'incertitude et de silence!» Et Viviane de conclure, en réprimant des sanglots: «Les enlèvements et disparitions d'Européens entre mars et juillet 1962 (3 781 noms dans la liste des Affaires étrangères de 2004, ndlr) restent un sujet tabou de la guerre d'Algérie.» Comme bien d'autres...

Pour en savoir plus: À la porte de l'oued, de Françoise Mesquida, L'Harmattan. 10 juin 1960. La paix sabordée. De Gaulle et l'Algérie, de Guy Pujante, Dualpha. Un silence d'Etat. Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie, de Jean-Jacques Jordi, Soteca-Belin. La Valise ou le cercueil.

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