L'UMP confirme la règle du «ni-ni»

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L'UMP confirme la règle du «ni-ni»

Mis à jour le 11/06/2012 à 23:35 | publié le 11/06/2012 à 20:35


Alain Juppé et Jean-François Copé sortent du déjeuner des dirigeants UMP à l'Assemblée nationale.

Les candidats qui se désisteraient alors qu'ils peuvent se maintenir seront «désavoués», a précisé Copé.

La discussion a été brève, et sa conclusion par Jean-François Copé a fait l'unanimité au bureau politique de l'UMP, réuni lundi à l'Assemblée nationale. «Nos candidats se maintiennent partout où ils le peuvent, a résumé le secrétaire général. En cas de duels FN-gauche, on n'appelle pas à voter FN, on n'appelle pas à voter à gauche et encore moins Front de gauche.» Les dirigeants de l'UMP ont donc reconduit la règle du «ni-ni», édictée par Nicolas Sarkozy à l'occasion des cantonales de mars 2011. L'argumentaire n'a pas changé: les électeurs de la droite doivent être conscients qu'en votant pour des candidats FN, ils permettent à des députés de gauche d'être élus, a expliqué en substance Jean-François Copé, en rappelant qu'il avait lui-même été battu par le PS en Seine-et-Marne dans une triangulaire avec le Front national en 1997.

L'appel de Morano peu apprécié

Le «ni-ni» n'est plus contesté par personne. Gérard Longuet, qui avait semé le trouble dimanche soir en estimant sur i-Télé que «le FN de Marine Le Pen n'est pas celui de son père», a rectifié le tir sur Public Sénat. «Nous n'avons pas pour vocation de renforcer la majorité socialiste», a-t-il affirmé, en précisant, cette fois: «Il n'y aura pas de dialogue avec le FN, ni maintenant, ni jamais et surtout pas entre les deux tours.»

Des candidats «bleu Marine» sont en situation de provoquer des triangulaires dans 32 circonscriptions. Dans deux d'entre elles, les sortants UMP, arrivés en troisième position dimanche, ont manifesté lundi leur intention de se retirer pour faire barrage à la gauche. Roland Chassain ayant mis sa menace à exécution dans les Bouches-du-Rhône, le secrétaire général l'a «condamné» en renvoyant son exclusion à un prochain bureau politique.

Quant à Étienne Mourrut, dans le Gard, François Fillon a fait savoir aux dirigeants de l'UMP réunis Salle Colbert qu'il l'avait eu au téléphone et qu'il pensait l'avoir convaincu de rester dans la course. Comme le secrétaire général, l'ex-premier ministre a appelé les dirigeants de l'UMP à faire «front commun», eu égard à «la gravité de la situation de la France» et aux dangers qu'elle courrait si François Hollande disposait d'une majorité à sa main.

Au lendemain du premier tour des cantonales de 2011, il avait pourtant appelé à «voter contre le Front national», sans autre précision. «On craint tous une deuxième poussée à gauche dimanche, déchiffre Bruno Le Maire, l'ex-ministre de l'Agriculture. Le moindre désaccord, le moindre écart par rapport à la règle du ni-ni sera immédiatement sanctionné dans les urnes.» Ce qui n'a pas empêché François Fillon de s'interroger à voix haute sur la pertinence du parallèle entre le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Front national, qui justifie toute la stratégie de l'UMP. C'est «une bataille qui n'est pas gagnée dans l'opinion», a-t-il mis en garde. Le sujet avait été abordé lors du déjeuner à six (François Fillon, Jean-François Copé, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Bernard Accoyer et Christian Jacob) qui avait précédé le bureau politique. À leur sortie, les convives n'ont laissé transparaître aucune divergence.

Le consensus Copé-Fillon a empêché que des voix discordantes se fassent entendre. Chantal Jouanno et Nathalie Kosciusko-Morizet, présentes salle Colbert, n'ont rien dit. François Baroin a tout de même rappelé: «C'est grâce au barrage érigé par Jacques Chirac contre le Front national que Nicolas Sarkozy a pu siphonner les voix du FN en 2007.» «Plus on est fort sur le refus d'alliance avec le Front national, plus l'UMP est solide», a affirmé l'ancien ministre.

Plusieurs ténors du parti ont modérément apprécié l'appel de Nadine Morano, dimanche soir, «aux électeurs du Front national, qui partagent nos valeurs». «Évitons de dire que nous avons les mêmes valeurs que le FN», ont conseillé Alain Juppé et Pierre Lellouche. Personne n'a fait nommément référence à la députée sortante de Meurthe-et-Moselle, qui ne participait pas à la réunion et que, selon Bruno Le Maire, «tout le monde respecte à l'UMP».

L'ex-ministre de l'Agriculture est intervenu pour juger la stratégie du «ni-ni» «efficace à court terme», mais il a précisé qu'«à moyen terme, l'UMP devra trouver une réponse au cri de désespoir des électeurs du FN». Pour le responsable du projet au sein du parti, «le producteur de fruits et légumes comme l'ouvrier ont le sentiment que leur activité est en voie de disparition quand ils ne se vivent pas eux-mêmes comme une espèce en voie de disparition». Il faut selon lui «aller plus loin» dans la restauration de la compétitivité, de l'autorité à l'école et dans la refondation de l'Europe. Autant de sujets sur lesquels les candidats à la présidence de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon en tête, sont attendus d'ici le congrès.