Hollande appelle à résister à l'euphorie

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Hollande appelle à résister à l'euphorie

Publié le 03/05/2012 à 22:31


François Hollande a tenu jeudi à Toulouse son dernier campagne, en compagnie de Lionel Jospin.

Le candidat incite les socialistes à la prudence, en mettant en garde contre la «démobilisation».

François Hollande a gagné le débat. C'est lui qui le dit. Jeudi à Toulouse pour son dernier meeting de campagne, là où François Mitterrand avait coutume d'achever les siennes, le candidat socialiste est revenu sur sa confrontation avec Nicolas Sarkozy devant plusieurs dizaines de milliers de personnes. «Ah ce débat…, a-t-il commencé avec gourmandise. J'espère qu'il vous a plu. Le candidat sortant fondait sur lui tant d'espoirs. Vous connaissez ses qualités de modestie, de retenue, de réserve. Il avait proclamé qu'il ne ferait en définitive qu'une bouchée de ce débat. J'ai peur qu'il soit resté sur sa faim.»

Sur la place du Capitole, équipée pour l'occasion de deux écrans géants, la foule rigole et l'acclame. François Hollande poursuit en assurant qu'il avait décidé «de lui dire bien en face ce que vous aviez sur le cœur depuis tant d'années. Après tant d'irrespect, d'injustice, d'incohérence, j'étais votre porte-parole». Mais il prévient immédiatement ses supporteurs: «Maintenant, c'est à vous de lui exprimer bien en face ce que vous avez à lui dire!»

Les socialistes abordent la fin de campagne en pleine confiance. Ils ne font même plus semblant. En embarquant jeudi pour Toulouse, ils étaient proches de l'euphorie. Certains ont déjà en tête le déroulement de la fête de dimanche soir en cas de victoire. Mais la consigne est ferme: motus. Car l'excès de confiance fait aussi peser un risque sur la mobilisation. «Tant que les Français n'ont pas voté, n'imaginez pas que la victoire est là. Non! La victoire, il faut aller la chercher», a prévenu une nouvelle fois Hollande en appelant à «une mobilisation sans retenue». «Le président que je serai ressemblera au candidat que je suis: respectueux, rassembleur, candidat normal pour une présidence normale au service de la République.»

Tout au long de la campagne, il n'a d'ailleurs pas cessé de jouer sur les remords encore vivaces des socialistes qui veulent laver l'affront de 2002 et oublier la défaite de 2007. En guise de piqûre de rappel, François Hollande avait d'ailleurs convié Lionel Jospin à s'exprimer à la tribune. L'ancien premier ministre, très applaudi, bénéficie encore d'une bonne cote de popularité chez les militants. Comme en écho du débat de la veille et aux attaques de Nicolas Sarkozy contre l'inexpérience de François Hollande, Lionel Jospin s'est livré à un éloge sans retenue du candidat, pour gommer le fait qu'il n'a jamais exercé aucune responsabilité ministérielle. «Il a l'expérience du terrain, la connaissance des rouages de l'État, une véritable compétence économique», a souligné Lionel Jospin dont c'était la première apparition lors d'un grand meeting de la campagne. «Il n'est pas centré sur lui-même mais attentif aux autres», a-t-il poursuivi. «Il n'est pas arrogant, mais ferme. Il n'est surtout pas changeant, mais constant. Il redonnera la dignité à la fonction de président.»

L'ex-premier ministre a aussi rendu hommage à Ségolène Royal, qui avait «relevé le gant» en 2007. Les socialistes ont l'air réconciliés avec eux-mêmes. D'ailleurs, ils étaient tous là: de Martine Aubry à Laurent Fabius en passant par Benoît Hamon… Malgré les préventions d'Hollande, c'était la fête avant l'heure pour la gauche. Dans la foule des VIP, on rit, on s'agite… «Ça va vachement bien», dit Bertrand Delanoë en promettant qu'il ira «encore mieux dimanche». Arnaud Montebourg esquisse quelques pas de danse. François Rebsamen assure que les socialistes sont prêts. Les alliés et les ralliés sont aussi présents: Eva Joly, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Michel Baylet. Parfois, une pointe d'angoisse rejaillit: «Ça fait 24 ans qu'on n'a pas gagné, alors on fait attention. Le sens du passé est tellement fort», met en garde Olivier Ferrand, le patron du think-tank Terra Nova.

À la fin de son discours, François Hollande ne résiste pas: il enjambe une barrière et fonce vers la foule. Frénétiquement, il serre des mains. C'est alors que Manuel Valls lui apprend le dernier rebondissement: François Bayrou votera pour lui«à titre individuel». D'abord sérieux, le temps d'intégrer la nouvelle, le candidat esquisse un sourire.