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 Michèle, bénévole à SOS Amitié : « Ce que les gens demandent, c’est d'être entendus »

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Petrus.m

Petrus.m


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Michèle, bénévole à SOS Amitié : « Ce que les gens demandent, c’est d'être entendus  » Empty
MessageSujet: Michèle, bénévole à SOS Amitié : « Ce que les gens demandent, c’est d'être entendus »   Michèle, bénévole à SOS Amitié : « Ce que les gens demandent, c’est d'être entendus  » Icon_minitimeMer 5 Fév - 11:15

Le Monde.fr | 05.02.2014 à 10h16 • Mis à jour le 05.02.2014 à 10h57 | Par Pascale Krémer
Michèle, bénévole à SOS Amitié : « Ce que les gens demandent, c’est d'être entendus  » 4360472_3_2b1a_ils-sont-1600-en-france-260-en-region_5461fd569ab3e38fdff2fba90cb6f25f
Ils sont 1600 en France, 260 en région parisienne, à répondre anonymement aux 700 000 appels passés chaque année à SOS-Amitié.

A l’époque où elle était assistante de direction, Michèle avaient souvent des représentants de commerce au téléphone. A toi, on peut se confier, lui glissaient-ils à l’oreille, tu ne diras rien, tu es notre SOS-Amitié. La retraite venue, courir au parc derrière les petits-enfants ne donnant pas totalement sens à sa vie, Michèle a postulé pour de bon à SOS-Amitié. Voilà sept ans qu’elle écoute une demi-journée par semaine, et une nuit par mois, « la panoplie de toutes les souffrances humaines ».
Comme elle, ils sont 1600 en France, 260 en région parisienne, à répondre anonymement aux 700 000 appels passés chaque année à SOS-Amitié – sans compter les mails et demandes de chat sur le site web de l’association. On ne sait si ces appels au secours augmentent, les bénévoles ne parvenant à en saisir qu’un sur quatre. Le rôle de ces bénévoles que les associations de prévention du suicide peinent tant à recruter, puis à conserver en leur sein, sera mis en lumière lors de la 18e journée nationale de prévention du suicide, mercredi 5 février.

Dans un pays où 10 500 personnes mettent chaque année fin à leur jour (selon les derniers chiffres, qui datent de 2010), leur tâche est rude.  « Ceux qui rigolent toute la journée ne nous appellent pas », résume Michèle, passée maître dans l’art de la litote. Cheveux courts, écharpe vermillon, regard et verbe francs, la sexagénaire raconte la lourdeur de cet engagement, de ce « bénévolat très impliquant, on ne va pas dire le contraire ».

DES BÉNÉVOLES SOLIDES PSYCHOLOGIQUEMENT

Où trouver le courage de décrocher de nouveau le téléphone lorsqu’on vient à peine de vous confier un viol, un inceste ? Quand c’est parfois l’auteur même de ces viols qui était en ligne, et qu’il a été si difficile de l’écouter en demeurant neutre ? Comment dormir le soir après avoir tenu à bout de paroles une personne suicidaire dont on ne saura rien du choix final ? « Là, on se met en position totale d’écoute, on lui fait parler de son projet de mort, de ce qui l’a amenée à prendre cette décision, pour peut-être l’amener à la remettre en cause. La personne ne veut plus de sa souffrance, mais pas forcément ne plus exister. La prise de conscience de cette différence peut amener à sursoir... »

Pour supporter ce fardeau de détresses, les bénévoles sont soigneusement sélectionnés sur leur solidité psychologique, formés (durant trois ou quatre mois), épaulés (par des parrains), écoutés et conseillés (groupe de parole avec un psychologue tous les mois)… Ils apprennent l’art délicat d’entendre sans faire leur l’émotion de l’autre. L’écoute, comme le précise la charte maison, doit être neutre, bienveillante, et surtout totalement anonyme, ce qui a le don de libérer la parole.

« Je vous dis un truc que ne j’oserais pas dire à mon psy », entend souvent Michèle, dont l’écoute s’est affinée avec l’expérience. Elle sait désormais manier les mots ( « Vous êtes vraiment dans la peine, est-ce que vous souhaitez m’en dire plus ? ») qui déclenchent le flot de paroles libératoire.

« CE N'EST PAS UNE THÉRAPIE »

« Ce que les gens demandent, c’est être entendus, ils savent bien qu’on ne fera rien. Simplement, on accueille et reconnaît cette souffrance ». Etonnement, ce  n’est pas péjoratif dans sa bouche : Michèle dit jouer un rôle de réceptacle. Dans son oreille, les appelants vident leur mal être, hurlent des douleurs cachées aux proches de peur de les voir souffrir. « C’est parfois un père confronté au deuil d’un enfant, qui ne veut pas accabler davantage sa femme, ses parents, par son chagrin… Dans ce cas, je vous assure, on ne se sent vraiment pas poubelle !»

Il lui faut se garder de donner des conseils, n’orienter en rien le propos, « ce n’est pas une thérapie ! ». Mais « en verbalisant les choses, les gens s’aident eux-mêmes, ils entrevoient les possibilités d’agir, ou réalisent l’absurdité de leurs intentions. » En fin de conversation, il leur arrive souvent de remercier pour tous les bons conseils reçus alors qu’ils ont quasiment été les seuls à parler.

A SOS-Amitié, personne ne prétend sauver le monde, assure Michèle. « Quelqu’un appelle, se dit complètement angoissé, et vingt minutes plus tard, sa voix est apaisée. C’est déjà ça… ». Même si la personne rappelle le lendemain. Ce monde de la prévention du suicide, comprend-on, est celui des petites victoires précieuses. Du soulagement plutôt que de la guérison.

JAMAIS AGACÉE PAR LES ALLUSIONS À ZÉZETTE-ÉPOUSE-X

Au fil de ses sept années de bénévolat, Michèle, désormais elle-même formatrice, a été là, casque sur les oreilles, pour entendre toujours plus de « difficultés de vie ». Elle a vu s’inviter la crise dans tous les milieux sociaux. Le chômage, les problèmes financiers, de logement, et ce qu’elle appelle les « ricochets » : conflits de couple, divorces… Et situations de harcèlement terribles au travail, que l’on subit par peur panique de n’en pas trouver d’autre ensuite. Elle a aussi été aux premières loges pour constater la montée des solitudes extrêmes et des pathologies psychiatriques. « Toutes ces personnes dépressives, bipolaires, schizophrènes, qui ne sont pas prises en charge à l’hôpital en dehors des crises, et se retrouvent isolées, leurs familles se sont lassées. »

Il faut sacrément aimer l’homme pour s’investir tant dans une tâche si ingrate ! Elle s’en défend, fait la modeste, l’intéressée. « C’est un enrichissement d’entendre ces personnes désemparées. Une ouverture à l’autre. On se rend compte de son bonheur à soi. On apprend aussi à être moins directif avec ses enfants et petits-enfants ». Elle a appris qu’écouter aidait parfois davantage que donner des conseils. Ne s’est jamais agacée des inévitables allusions au Père Noël est une ordure, dès lors qu’elle évoque son engagement. Combien de fois ne lui a-t-on demandé des nouvelles de Zézette-épouse-x... « J’explique que les temps ont changé. Que le ton condescendant, le type qui s’en fout complètement, ce n’est pas nous…»

Lire aussi : Une adolescente sur cinq a déjà tenté de se suicider
http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/02/05/hausse-alarmante-des-tentatives-de-suicide-chez-les-jeunes-filles_4360146_1651302.html
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