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 Classement PISA : rien ne va plus à l'école

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Petrus.m

Petrus.m


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MessageSujet: Classement PISA : rien ne va plus à l'école   Classement PISA : rien ne va plus à l'école Icon_minitimeMar 4 Fév - 10:08

LE MONDE | 03.02.2014 à 13h28 • Mis à jour le 04.02.2014 à 10h57 | Par Maryline Baumard
Classement PISA : rien ne va plus à l'école 4359580_3_2285_le-systeme-educatif-francais-ne-parvient_4f027f19d99efa0e7119471f700dda95
Le système éducatif français ne parvient plus à faire réussir les enfants les plus fragiles, coûte cher et ne fonctionne que grâce à une débauche d'énergie des équipes pédagogiques.

Mériem aimerait avoir de bonnes notes. Pourtant, stockés en vrac, couverts d'encre rouge, ses devoirs de maths plafonnent à 5. Elle n'y comprend rien et se sent à peine concernée par ce tas de copies en début de cahier. Si cette élève de 15 ans, en 3e au collège Pierre-Mendès-France de Tourcoing (Nord), avait passé les évaluations internationales de l'OCDE, elle n'aurait pas remonté le niveau ! Si son collège avait fait partie des 177 établissements représentant la France, on aurait encore perdu quelques places…

Lire le contexte : Classement PISA : la France championne des inégalités scolaires
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/12/03/classement-pisa-la-france-championne-des-inegalites-scolaires_3524389_1473688.html

Classé Eclair (programme des écoles, collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite) et Zone violence, cet établissement reflète le système éducatif français qui ne parvient plus à faire réussir les enfants les plus fragiles, coûte cher et ne fonctionne que grâce à une débauche d'énergie, d'imagination et de matière grise des équipes.

Lire aussi l'analyse : Une nécessaire prise de conscience
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/03/une-necessaire-prise-de-conscience_4358944_3224.html

Jeudi 23 janvier, la porte du bureau du principal adjoint se referme sur deux mini-agresseurs. Règlement de comptes à 11 ans avec empoignade et gorge serrée. Alain Corteville, le principal adjoint, pensait enchaîner avec Mike (tous les prénoms ont été changés) qui, traité de « chabert » (version ch'ti de l'idiot), a rétorqué du « sale pute », mais Cynthia lui grille la politesse. Debout dans le bureau, les bras croisés, l'air renfrogné dans son survêtement, l'élève de 3e, ne cherche même pas à défendre l'insolence dont elle vient de faire preuve face à un enseignant. « Je ne comprends pas. Tu as conscience que mal agir t'oblige à rester en colle le soir. Tu ne penses pas que faire preuve d'un peu de diplomatie vis-à-vis de tes professeurs te simplifierait la vie ? » Cynthia opine du chef et pense s'éclipser avant qu'une question ne coupe sa retraite. « Au fait, tu sais ce que c'est, la diplomatie ? »…

« PSYCHOLOGIQUEMENT DUR »

La leçon de vocabulaire n'aura pas d'application pratique puisqu'une heure plus tard Cynthia confond une nouvelle fois diplomatie et insolence. La conseillère principale d'éducation (CPE) estime que, même si l'établissement répugne à exclure, la jeune fille s'en tirera difficilement sans une mise à pied de plusieurs jours. Seuls cinq conseils de discipline ont émaillé le premier trimestre. « On a une chance de rester au-dessous des douze de l'an dernier », défie même Jacques Melerowicz, le principal.

Mère décédée, père déclaré inapte, famille d'accueil… La CPE Mathilde Gauguier pourrait trouver mille excuses à Cynthia. Mais « si on lâche, plus rien ne sera possible et on ne rendra pas service à ces enfants pour qui la vie est déjà très difficile ». La jeune femme reconnaît que « c'est psychologiquement dur ». Des histoires à pleurer, tous en ont plein la tête ici. C'est un viol raconté par une ado à la documentaliste, sur le siège d'un bus, au retour d'un voyage scolaire. C'est la grossesse d'une autre collégienne que l'infirmière vient d'annoncer à une maman. « Vous savez, ici on recrute sur la Bourgogne », avait prévenu le principal, Jacques Melerowicz…

La Bourgogne du Nord, ce n'est pas cette région connue pour son vin, mais un immense quartier sensible de Tourcoing de plus de 9 000 habitants, où le chômage a tout dynamité. Le revenu moyen y est inférieur à 9 000 euros annuels par ménage, et le concept de chômage n'y a même plus de sens, les indemnités ayant été remplacées de longue date par les minima sociaux. La structure familiale n'a pas résisté. Beaucoup de mères sont seules et prises dans des histoires inextricables les obligeant parfois à abandonner des mois leurs collégiens pour un retour au pays. Evidemment, il y a le système D et les mirages de l'espoir. Une mosquée salafiste s'est implantée, et l'an dernier des enfants de 6e ont troqué les cours du vendredi contre la prière. « Parfois à l'insu des familles… Nous avons été très fermes. Comme nous le sommes sur les tenues vestimentaires », rappelle Jacques Melerowicz, qui surveille de près les djellabas ôtées à la hâte à la porte du collège et roulées dans le cartable.

EFFET COLLATÉRAL

Pauvreté et détresse sociale font le lit du désert culturel qui rend les apprentissages difficiles. « Le niveau de nos élèves à l'entrée en 6e est très faible », regrette Alain Corteville. Depuis des années, l'accent est pourtant mis sur la maîtrise de la langue. Mais cette priorité, aux résultats fragiles, a un effet collatéral. « On oublie parfois un peu les maths, en primaire, face à l'urgence de la langue, et les élèves entrent au collège avec de graves lacunes dans cette discipline. Les deux tiers ont d'ailleurs un niveau très faible aux évaluations de fin de CM2 », observe le principal, qui a attiré l'attention sur le sujet. Car ici, on n'a pas attendu que Vincent Peillon oblige à une coordination entre professeurs du collège et des écoles pour travailler main dans la main. Tous les dispositifs sont activés… et pourtant les élèves ne décollent pas.

Pour qu'ils profitent des enseignements du collège, il leur faut des bases qui font souvent défaut à Mendès-France. « Je savais pas faire une division ou additionner des fractions. Grâce à Abdel, j'ai compris », souffle une élève de 4e qui peine encore sur ses devoirs. Abdel, c'est un assistant d'éducation, ingénieur de formation, et sa mission est de combler les nombreuses lacunes.

A cette question du niveau s'ajoute la réputation qui colle à l'établissement comme une seconde peau. « Moi j'aime bien être là, mais ma petite soeur ne viendra pas. Ma mère dit qu'il y a trop de racaille », susurre Mériem. « Cette réputation date du temps où les chaises volaient en cours », regrette une enseignante. Que les débordements y soient sévèrement réprimés, que les élèves y soient aidés ne change rien ; le collège est fui par 40 % des élèves de son secteur, surtout ceux de l'espace pavillonnaire. « Les dérogations accordées entre 2008 et 2012, la présence d'un enseignement privé très fort où vont les deux tiers des élèves, et l'école belge à quelques kilomètres nous privent de trop d'élèves qui pourraient être moteurs dans les classes », regrette une enseignante de français. Et les 2 % d'enfants de catégories très favorisées ne suffisent pas à contrebalancer les 85 % issus de catégories défavorisées, voire très défavorisées.

Aujourd'hui, les 22 % d'élèves du collège qui passent en lycée général y réussissent pourtant bien. Mais c'est beaucoup moins que le un sur deux du département et les deux tiers de moyenne nationale.

Pour faire progresser des élèves majoritairement très faibles et très éloignés de la culture scolaire, le collège doit donner un sens aux études en aidant les adolescents à construire un projet professionnel. Gageure là encore. L'enseignante de français Laurie Leclercq, pourtant habituée à la dialectique adolescente, n'a toujours pas digéré qu'un élève de 3e lui explique « qu'il veut le lycée “tout près de l'arrêt de bus”. Son orientation n'a aucun sens. Il n'imagine pas un instant exercer un métier intéressant ». A Mathilde Gauguier, un autre vient de rappeler que son projet professionnel se limite à « trouver un travail de nuit, pour pouvoir dormir le jour ». Personne ne sourit.

COLLÈGE CONNECTÉ

Pour Jacques Melerowicz, ce manque de perspectives est un poison qui tue le sens des apprentissages. « A cette absence de futur s'ajoute la dureté de la notation pour nos élèves. Notre école produit du décrochage en résumant tout dans une note qui ne rend compte ni des capacités, ni des progrès, ni du travail fourni. Cela incite les adolescents à rendre copie blanche pour sauver un peu d'estime de soi. » A la rentrée, Mendès-France ouvrira une classe de 6e où les grilles de compétences remplaceront les notes. En plus, l'établissement est l'un des 23 collèges connectés du pays. « Nous n'attendons pas de miracles. Nous observons seulement que cet outil suscite l'intérêt de certains élèves et capte leur attention », rappelle Carole Guérin-Callebout, une professeure de français qui ouvre des blogs avec ses classes.

En donnant les devoirs, jeudi 23 janvier, elle insiste : « Quand vous écrirez votre petit texte sur “Le Livre des merveilles”, de Marco Polo, vous apparaîtrez comme “auteur”. C'est votre statut. Je vous demanderai des corrections, et une fois le travail validé, d'autres personnes pourront vous lire, comme on lit un article de journal. » Ici, même dans les foyers à minima sociaux, l'ordinateur ou la tablette a investi le salon. Seuls trois enfants ont déclaré ne pas y avoir accès.

Alors que, statistiquement, les couloirs de Pierre-Mendès-France devraient être des zones de non-droit, les classes des lieux où le savoir a du mal à circuler, le collège est debout, propre et cohérent. La stabilité de l'équipe, où une personne sur deux est là depuis plus de neuf ans, y est pour quelque chose, comme le nombre d'adultes présents, la confiance entre la direction et les éducateurs.

Reste le talon d'Achille du niveau des élèves. En dépit de l'intelligence et de l'énergie déployées, il est encore 2,5 points sous la moyenne académique en maths et un point en français à l'épreuve nationale du brevet des collèges. Et les résultats pourraient chuter encore cette année. Une énième fois, Jacques Melerowicz va vendre dans les classes la valeur travail et l'aide apportée

Lire l'entretien avec Stanislas Dehaene : « On observe souvent un déni de la réalité scientifique »
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/02/03/stanislas-dehaene-on-observe-souvent-un-deni-de-la-realite-scientifique_4358950_3224.html
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