Le Monde.fr | 16.01.2014 à 20h38 • Mis à jour le 16.01.2014 à 21h00
Dominique Bertinotti, la ministre déléguée chargée de la famille, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 2 octobre.
Très attendu, l'examen du projet de loi sur la famille va être décalé. Il sera en lecture au Parlement au second semestre 2014 au lieu du premier, comme initialement annoncé, a annoncé, jeudi 16 janvier, Dominique Bertinotti, la ministre déléguée chargée de la famille, lors d'un déplacement à Nantes sur le thème de l'adoption et de l'accès aux origines.
Lire le post de blog : Promesses tenues, promesses brisées : le bilan 2013 de François Hollande
http://luipresident.blog.lemonde.fr/2014/01/02/promesses-tenues-et-brisees-le-bilan-2013-de-francois-hollande/
La présentation du projet de loi, initialement prévu en mars, avant les élections municipales, « pourrait être en avril au Conseil des ministres pour un examen devant les chambres deuxième semestre 2014 », a déclaré la ministre.
Le texte n'est pas encore prêt. Les quatre groupes d'experts chargés de plancher sur la loi sont « en train d'approfondir et finaliser un certain nombre de leurs propositions, donc on verra à quel moment effectivement on pourra rendre publiques, dans les semaines qui viennent, leurs conclusions », a dit la ministre, sans donner de date.
PLUSIEURS PISTES DE TRAVAIL
A l'occasion d'une table ronde avec des professionnels en contact avec les problématiques de l'accouchement sous X, la ministre a évoqué plusieurs pistes de travail. Concernant les accouchements sous X, mais aussi la procréation médicalement assistée (PMA), « la question sur la connaissance des origines c'est : “doit-il y avoir levée de l'anonymat, et, si oui, à quel âge ?” ».
« Est-il envisageable de dire que pendant dix-huit ans l'anonymat sera total et qu'après le fait d'avoir 18 ans donnerait droit (aux enfants concernés) de mettre un nom sur leur mère ou leur père biologique ? »
La ministre a aussi évoqué la possibilité d'une réforme de l'acte de naissance afin d'avoir :
« Un acte officiel qui témoigne de ce qu'a été votre naissance, sous X, adoption : assurer tout enfant que s'il a des doutes (…) il saura au moins officiellement qu'il a été adopté, qu'il est né sous X, alors qu'aujourd'hui on est encore sur le bon vouloir d'adultes qui peuvent lui dire, ou ne pas lui dire. »
Mme Bertinotti a également abordé le fait de :
« Revoir les conditions d'agrément des familles adoptantes », compte tenu de la croissance du nombre de familles agréées alors que le nombre d'enfants à adopter diminue. « Est-ce qu'on ancre pas ces familles dans une illusion douloureuse ? (…) Un jour viendra où des citoyens pourraient se retourner contre la collectivité (en disant) : “Vous n'avez pas été suffisamment responsables de me laisser penser pendant cinq ans, dix ans, que je pourrai adopter”. »
Les enfants à la charge de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), souvent placés des années sans pour autant ni revenir dans leur famille ni être adoptés, ont un taux de chômage « supérieur à la moyenne nationale », a regretté la ministre. « On sait aujourd'hui en France protéger contre [les mauvais traitements des parents], mais sait-on protéger pour donner un avenir ? », s'est-elle interrogée.
Les raisons du placement initial, puis, quand le retour en famille n'est plus possible, un assouplissement des possibilités d'adoption, mais aussi les conditions de sortie de l'ASE à 18 ans alors que les enfants ne sont pas encore autonomes, ont notamment été abordés par Mme Bertinotti.