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Santé : le Gardasil au cœur d'une plainte
Publié le 24 nov. 2013, 09h05 | MAJ : 12h58
ILLUSTRATION. La vaccination au Gardasil, utilisé contre des lésions précancéreuses du col de l'utérus, est accusée de causer de graves effets secondaires.
Une première plainte en France vient d'être déposée contre le Gardasil. Le «Journal du Dimanche» et le quotidien «Sud Ouest» révèlent qu'une jeune femme de 18 ans a déposé plainte vendredi contre Sanofi Pasteur MSD, qui commercialise ce vaccin qui prévient certaines lésions du col de l'utérus.
Le motif de la plainte : «atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine». Dominique Maraninchi, le directeur de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé est aussi visé par cette procédure.
Le Gardasil, qui prévient les lésions causées par deux types de virus (papillomavirus, également appelé HPV), est régulièrement accusé de générer de graves effets secondaires. Océane, la Landaise de 18 ans à l'origine de la plainte, établit un lien entre son utilisation du Gardasil et l'apparition d'une maladie nerveuse, une sclérose en plaques ou une encéphalomyélite aiguë disséminée. Son avocat évoque des «effets secondaires gravissimes et totalement niés par l'industriel et les autorités de santé».
Le frottis est une prévention très efficace
A l'automne 2010, Océane s'est vu prescrire la vaccination — encouragée pour les adolescentes à partir de 14 ans depuis 2007 — à la suite d'une visite de routine chez le médecin. Depuis la première injection, son système nerveux s'est gravement dégradé, le corps médical oscillant entre le diagnostic d'une sclérose ou d'une encéphalomyélite. Sa scolarité a été chamboulée et, même si la jeune femme va mieux depuis l'été 2012, elle ne parvient toujours pas à passer une semaine complète au lycée en raison notamment d'une extrême fatigue.
Océane a décidé de lancer cette procédure après que la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI) de Bordeaux a reconnu un lien entre sa pathologie et la vaccination. Mais, nuance de taille, une faiblesse génétique, donc un terrain plus propice que la moyenne au développement d'une maladie, a également été reconnu. Océane n'est donc indemnisée qu'à 50%. Les experts s'appuient sur cette décision en demi-teinte pour établir un lien entre injection de Gardasil et graves effets secondaires ou, au contraire, mettre en avant les prédispositions génétiques d'Océane et parler de simple coïncidence, voire de «hasard». Une étude de l'agence du médicament a récemment conclu qu'il n'y a «pas plus de maladies auto-immunes chez les filles vaccinées que chez les non vaccinées». Mais même des médecins pro-vaccination relativisent les bienfaits du Gardasil : il n'agit que sur des lésions précancéreuses et non sur le cancer du col de l'utérus. Par ailleurs, ils rappellent que la prévention grâce au frottis est très efficace.
Une piste est en tout cas avancée par le professeur Romain K. Gherardi, du CHU de Créteil (Val-de-Marne) pour expliquer d'éventuels liens entre la vaccination et de graves conséquences : l'utilisation d'aluminium pour accroître les effets du vaccin. Or l'aluminium est toxique pour le système nerveux.
Sanofi déplore qu'il n'y ait «aucune preuve scientifique»
Du côté de Sanofi Pasteur MSD, on se déclare «surpris» et on rappelle la «confiance» du laboratoire en son vaccin. Dans un communiqué, le laboratoire affirme ce dimanche que «les études conduites en France et dans le monde pour évaluer l'association éventuelle entre la vaccination anti-HPV et la survenue de cas de sclérose en plaques n'indiquent aucune augmentation du risque d'apparition de cette maladie». Sanofi Pasteur MSD «regrette que les conclusions formulées par les experts de la CRCI de Bordeaux, qui ne sont fondées sur aucune preuve scientifique, jettent le discrédit sur le vaccin Gardasil et la vaccination anti-HPV en général».