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Des musulmans lyonnais manifestent contre l'islamophobie
12 août 2013 à 21:27 Des personnes quittent la mosquée El Forkane de Vénissieux, le 12 août 2013 après un rassemblement contre l'islamophobie.
Rassemblés ce lundi suite à l'arrestation d'un militaire qui voulait tirer à l'arme à feu sur la mosquée de Vénissieux (Rhône), ils dénoncent un climat rappelant l'antisémitisme des années 30.
Ils étaient 150 musulmans environ rassemblés ce lundi devant la mosquée El Forkane de Vénissieux à l’appel de Kamel Kabtane, le recteur de la Grande mosquée de Lyon, suite à l’arrestation, dimanche, d’un militaire qui prévoyait de tirer à l’arme à feu sur ce lieu de culte.
Calmement, ils ont d'abord écouté Kamel Kabtane. Du haut des marches menant à la salle de prière. Le recteur a dénoncé le
«climat d’islamophobie» régnant en France.
«En 1933, c’est comme ça que ça a commencé», a-t-il lancé.
Et d’en appeler aux
«autorités de notre pays qui ont des responsabilités (en la matière) et doivent les assumer». Le recteur de la grande mosquée a d’ailleurs regretté qu'
«aucun responsable au niveau national n’a pris position pour ce qui s’est passé». Kamel Kabtane a envoyé, au chef de l’Etat, une lettre critiquant une
«vision nationaliste conservatrice et islamophobe» de certains Français.
Puis, c’est Abdelaziz Chaambi, le responsable de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie, qui prend la parole. Lui aussi y va d’une allusion à la seconde guerre mondiale:
«Les musulmans ont peur aujourd’hui, les femmes voilées n’osent plus sortir, ça nous rappelle la situation des Juifs dans les années 30», lance-t-il.
Le ton est dramatique, les propos violents:
«Depuis 2011, les actes islamophobes ont augmenté de 60%», assure-t-il. Et de poursuivre:
«Si on arrête pas la bête immonde, il va y avoir des passages à l’acte». Il accuse le gouvernement de ne rien faire pour lutter contre l’islamophobie:
«nous avons alerté à plusieurs reprises les pouvoirs publics, nous avons sollicité des réunions, des commissions, et à chaque fois nous avons reçu un refus catégorique», affirme-t-il. Et de lancer:
«L’extrême-droite est déjà au pouvoir». Selon lui, la présence d’une
«brebis galeuse» dans l’armée est la preuve que cette institution, aussi, est
«infectée».
«Dans le quartier 93% des gens ont voté Hollande, mais je vous promets que s’il n’y a pas des mesures sérieuses qui sont prises (...), et bien ils n’auront plus les voix des musulmans, prévient-il. Nous ne devons plus servir de fond de commerce électoral pour des politiciens en mal de postes».
Les propos d’Abdelaziz Chaambi recueillent des applaudissements. Fatima, comptable, est venue avec sa mère Halima. Elles ne portent pas le foulard islamique, n’ont jamais fait l’objet d’agressions verbales ou physiques, mais se
«disent inquiètes pour l’avenir». Halima craint notamment pour ses deux petites filles qui portent le voile et sont scolarisées dans un établissement musulman de Décines (Rhône).
«Avant, on n'entendait pas parler d’événement de ce type. On espère que c’est un acte isolé», déclare-t-elle.
Egalement présent, le père Christian Delorme, ex-curé des Minguettes.
«Il est important, face à la montée de l’intolérance – je pense aussi aux Roms – de ne pas laisser les gens seuls, sinon on joue le jeu de l’enfermement communautaire», explique-t-il.
Agé de 23 ans, sergent dans l’armée de l’air, le militaire qui était en poste sur la base de Mont Verdun, près de Lyon, avait prévu de tirer sur la mosquée de Vénissieux, le jour de l'Aïd, fête qui clot la fin du jeûne du ramadan.
«Ca aurait pu être un carnage», observait ce lundi, Mohamed Draoui, un fidèle de la mosquée, qui était présent, ce jour-là, avec sa femme et ses enfants. Mais il a été arrêté la veille de commettre son acte.
Lors de sa garde à vue entamée le 7 août, le militaire a reconnu avoir attaqué il y a un an la mosquée de Libourne (Gironde) avec un cocktail molotov. Cet acte avait fait peu de dégâts, et pas de victimes.
«Proche des idées de l’extrême droite radicale», il aurait tenté à trois reprises, sans y parvenir, d’entrer en contact avec Maxime Brunerie, le militant d’extrême-droite auteur, le 14 juillet 2002, d’une tentative d’attentat contre le président Jacques Chirac lors du défilé sur les Champs Élysées.
Ce militaire aurait également été touché par le suicide, le 21 mai devant l’autel de Notre Dame, de l’historien d’extrême-droite Dominique Venner dont il admirait les travaux.
De source proche de l’enquête, le sergent est décrit comme solitaire et fragile psychologiquement. Il aurait également connu une période difficile à la suite de déboires affectifs. A l’issue de ses 4 jours de garde à vue, il a été mis en examen pour
«détention de munitions de quatrième catégorie en relation avec une entreprise terroriste» et
«dégradation de lieu de culte en relation avec une entreprise terroriste», et placé en détention provisoire.