ELLES SE CHIFFRENT À 46 MILLIARDS DE DOLLARS POUR L'ANNÉE 2011
Importations : la cote d'alerte
Lundi 23 Janvier 2012
Par Ahmed MESBAH
Pour l'instant, le pays arrive encore à couvrir cette lourde facture...Près de 10 milliards de dollars ont été dépensés en 2011 pour garantir la nourriture des citoyens.
Pour s'équiper et garantir la paix sociale, le gouvernement n'a pas hésité à sortir son chéquier tout au long de l'année écoulée. Ce sont alors les importations qui se sont envolées alors que la manne financière du pays aurait dû profiter à la production locale comme n'ont pas cessé de le réclamer les opérateurs économiques. L'une des dernières mauvaises nouvelles de l'année est parvenue des Douanes.
Les importations ont atteint le seuil effarant de 46,45 milliards de dollars. Ce sont 6 milliards de dollars de plus que l'année 2010.
Pour l'instant, le pays arrive encore à couvrir cette lourde facture, mais les incertitudes pèsent sur l'avenir si le prix du baril du pétrole allait dégringoler.
En 2011, les exportations ont atteint 73,3 milliards de dollars, mieux que l'année d'avant lorsqu'elles n'étaient que de 57 milliards.
C'est la seule performance économique car tous les autres indicateurs sont au rouge surtout lorsqu'il s'agit de se pencher sur l'appareil de production qui n'arrive pas à garantir des produits de bonne qualité et en quantité suffisante pour la population. Pour nous soigner, on fait appel à l'importation de médicament, et pour la nourriture, des bateaux entiers fournissent le marché en céréales et autres denrées comme l'huile et le sucre.
La sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps. Même le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, ne cesse de rappeler que l'heure est grave devant un taux si élevé de dépendance vis-à-vis de l'étranger. Pour expliquer l'envolée des importations, il faut garder en mémoire que les plans d'investissement en Algérie font appel à des importations de toutes sortes d'équipements. En outre, les augmentations des salaires des travailleurs boostent la consommation, ce qui crée nécessairement des besoins plus importants en produits importés.
Analysant la structure des importations, les Douanes constatent qu'à l'exception du groupe des biens d'équipements industriels qui a enregistré une légère baisse (0,43%) à 15,7 milliards de dollars, tous les autres groupes ont connu des hausses. La plus importante d'entre elles, de 61%, a été enregistrée par le groupe alimentation pour un montant de 9,75 milliards.
Les autres groupes ont également connu des hausses: il s'agit de celui des demi-produits avec 1,76 milliard. L'augmentation étant d'un quart. Les biens de consommation non alimentaires sont établis à 7,27 milliards avec une augmentation dans la même proportion que pour les demi-produits. Même les biens d'équipements agricoles n'ont pas échappé à la règle avec 382 millions de dollars, soit une hausse de 12%.
Il faut ajouter à cela l'importation de véhicules qui reste toujours un poste important puisque l'industrie locale est absente dans ce secteur.
Ces déficiences font le bonheur de nos fournisseurs. La France occupe toujours la 1re place dans nos importations avec 7,03 milliards de dollars. Elle est suivie de l'Italie avec 4,61 milliards de dollars. Puis vient la Chine avec 4,58 milliards de dollars. Elle est devant l'Espagne avec 3,32 milliards de dollars et l'Allemagne (2,50 milliards de dollars).
En 2011, les cinq principaux clients de l'Algérie étaient les USA (15,24 milliards), l'Italie (9,88 milliards), l'Espagne (7,18 milliards), la France (6,61 milliards), et les Pays-Bas (5,12 milliards).
Ces données tombent au moment où l'Algérie tente de renégocier son Accord d'association avec l'Union européenne pour protéger sa production.
D'ailleurs, la répartition par régions économiques montre que les pays de l'UE restent toujours les principaux partenaires de l'Algérie, avec 52,12% des importations et 49,45% des exportations.
Par rapport à 2010, les importations en provenance de l'UE ont connu une hausse de 16,94%, passant de 20,7 milliards à 24,21 milliards alors que les exportations de l'Algérie vers ces pays ont augmenté de 8,29 milliards (+22,58%).
Depuis des années le gouvernement affiche l'ambition de réduire les importations, mais force est de constater que c'est le contraire qui se produit.
Avec parfois des surfacturations importantes, comme ne cesse de le répéter le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès.
Certaines importations sont incompressibles. C'est-à-dire que le gouvernement ne peut faire des économies sur les fournitures en médicament ou sur l'approvisionnement du marché en produits alimentaires sans risque de révolte sociale.
C'est ce qui laisse présager que la facture des importations sera toujours aussi salée en 2012.